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Bleues situées au couchant de l’Albert N’Yanza ; et cette rivière, se dirigeant de l’est à l’ouest, séparait complètement les deux bassins.

Après quelques paroles flatteuses à mon égard, sir Henry Rawlison douta fortement que Livingstone fût sur la voie du Haut-Nil. D’après lui, le Loualaba devait se terminer dans quelque lac central, dont la découverte, il le désirait sincèrement, couronnerait les travaux du grand explorateur.

Analysons, je vous prie, les motifs secrets de ces opinions adverses. Le colonel Grant est persuadé que Speke a trouvé la source du Nil dans la rivière qui s’échappe du Victoria N’Yanza, et il lui déplait d’entendre dire qu’un autre voyageur a la prétention de donner au fleuve mystérieux une origine différente. Pur désintéressement, car il n’a pas vu sortir du Victoria la branche qu’il tient pour la seule et véritable source du vieux Nil. Lors de la découverte des chutes Ripon, il était chez Kamrasi, à quelque soixante milles de là, et s’y était rendu par la voie de terre. La défense de Speke est donc toute chevaleresque ; mais ce n’est pas de la géographie.

Quant à l’objection, tirée de ce que Livingstone a vu, à l’ouest du 26e degré de longitude, et au midi de l’équateur, ce que le colonel Grant n’a pas rencontré au nord de la ligne, entre les 29e et 30e méridiens, elle tombe d’elle-même et n’a pas besoin d’être réfutée.

Sir Henry Rawlison est un partisan convaincu de cette théorie, que tous les lacs d’eau douce ont une issue ; il la défend avec ardeur ; et cependant, il oppose à Livingstone que le Loualaba doit se terminer dans une nappe d’eau douce, qui alors n’aurait pas d’affluent. Dans ce cas-là, sir Henry ne manque-t-il pas de logique ? C’est en lui faisant remarquer cette inconséquence que je me suis attiré de M. Galton le reproche de viser à l’effet par mes histoires à sensation.

Pourquoi ce reproche ? Parce que Livingstone, dont je prenais la défense, a découvert le lac Ngami, que cherchait M. Galton, et que celui-ci n’a pas trouvé. M. Galton a écrit, il est vrai, qu’il n’avait jamais eu grand désir d’atteindre ce lac ; mais on peut voir le contraire dans le livre de son compagnon de voyage. « Nous avions peu d’espoir d’y arriver, dit Andersson ; toutefois le Ngami était notre but ; et j’ai éprouvé quelque surprise en voyant cette plaisante assertion de mon ami, qu’il ne s’était jamais soucié de découvrir ce lac. Le fait est que Galton paraissait enchanté de re-