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honorable vous donneriez ce qui lui manque ; à un être faible vous prêteriez assistance ; si vous voyiez souffrir, vous chercheriez à soulager, y faisant tous vos efforts.

Cependant, comment m’avez-vous traité pour avoir fait ce qu’à ma place vous auriez fait vous-mêmes ? Mon voyage a été mis en doute, mon récit contesté ; les lettres que j’apportais à l’appui furent taxées de faux ; mes publications raillées. Bafoué par les uns, malmené par les autres, je me suis vu assailli de grondements, comme si j’avais fait un crime.

Ah ! que Livingstone se doutait peu que son humble ami recevrait un pareil accueil ! Qu’il était loin de se dire que mes efforts, tentés et soutenus de bonne foi, sans conscience de la malice ou de l’envie qu’ils pouvaient susciter, me vaudraient de pareilles attaques ! Dans mon innocence, je croyais n’avoir qu’à raconter le fait, à dire la vérité pure et simple. Dans ce récit littéral, vous n’avez vu que faiblesse et puérilité ! Mais, tel qu’il est, et que vous y croyiez ou non, journalistes et critiques, ce que renferme ce livre transpirera et se fera connaître.

Et vous, gentlemen géographes, pensez-vous me tuer par vos dénégations, comme vous avez tué Bruce, Caillé et du Chaillu ? Croyez-vous me blesser, par votre malveillance, comme vous avez blessé le brave Petherick et le célèbre Burton ?

Vous avez dit au monde entier que votre inquiétude était grande au sujet de votre illustre collègue. Vous avez fait croire, dans le silence qui l’enveloppait, que vous souhaitiez ardemment de savoir ce qu’était devenu le grand explorateur. Sans votre aide, sans votre conseil, on est allé à sa recherche, on l’a retrouvé, et on vous a dit : « Livingstone est vivant, rien ne lui manque, et il se dispose à poursuivre ses découvertes avec plus de vigueur que jamais. »

Quelle a été votre réponse ? « Il est un point sur lequel un peu d’éclaircissement serait nécessaire. On paraît croire en général que M. Stanley a trouvé et secouru Livingstone, tandis que, sans vouloir méconnaître l’énergie et la loyauté de M. Stanley, s’il y a eu découverte et assistance, c’est Livingstone qui a trouvé et secouru M. Stanley, car celui-ci était à peu près dans la misère, et le docteur abondamment pourvu. Il convient de rétablir la position respective des deux parties. Nous avons le ferme espoir que l’expédition envoyée par la Société au secours de Livingstone et de M. Stanley, permettra à ces deux voyageurs de continuer leurs recherches. »