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mille et à ses amis. Pour me dégager plus vite de ma promesse, M. Bennett, qui seul avait défrayé l’entreprise, mit le comble à sa générosité en donnant l’ordre de télégraphier les deux lettres par le câble, ce qui fut une dépense de près de cinquante mille francs.

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Quelques mots encore et j’aurai terminé. Peut-être serait-il plus digne de moi de ne rien ajouter à cette relation de mes aventures, et d’écrire ici le mot fin. Mais il est des choses sur lesquelles je ne saurais garder le silence ; et parmi elles figure le traitement que j’ai reçu en Angleterre.

Avant mon arrivée, la presse anglaise avait fait ses articles d’après les données les moins exactes. À peine s’il y avait un nom qui fut correct ; les dates étaient fausses, les faits dénaturés d’une manière incompréhensible. Ce tissu d’erreurs parait avoir fait naître le doute, éveillé les soupçons.

Excepté une lettre datée de l’Ounyanyembé, les dépêches envoyées de Zanzibar à l’époque de mon retour, et mes lettres de Marseille, je désavoue tout ce qu’on a fait paraître ; je ne reconnais que ce qui est écrit de ma main. Tout ce que l’Herald a publié comme venant de moi est exact, je l’affirme. Je n’en répudie que les fautes d’impression, qui s’expliquent d’ailleurs par l’étrangeté des noms africains, et sans doute par mon griffonnage : l’écriture d’un homme qui a la fièvre ne doit pas être bien lisible.

Je ne suis donc pas étonné des erreurs de la presse, ni des contestations qu’elles ont provoquées ; ce qui me surprend, c’est de voir les journalistes anglais jaloux de ce qu’il a été donné à un reporter américain de retrouver Livingstone. Presque tous ont exprimé leur opinion à cet égard en termes non équivoques ; bien qu’en même temps les principaux et les plus honorables d’entre eux ne m’aient pas épargné les éloges : qu’on voie le Times, le Daily News, le Daily Telegraph, le Morning Post.

Je vous remercie, gentlemen, de ces compliments que vous avez adressés à un jeune homme qui, selon moi, n’a rien de remarquable. Mais franchement, permettez-moi de vous le dire, voire jalousie n’est pas fondée. Je ne suis qu’un special correspondent, à la disposition du journal que j’ai l’honneur de servir, contraint par mon engagement à partir pour n’importe quel point du globe où il m’est enjoint de me rendre. Je n’ai pas sollicité l’honneur de chercher Livingstone, j’en ai reçu l’ordre. Il me fallait obéir ou résilier mon engagement ; j’ai préféré l’obéissance. Si vous avez lu ce volume, vous savez comment cette mission m’a été donnée,