Dans mon pays natal, la rencontre d’une foule qui s’est rassemblée à votre intention est chose assez fatigante, l’amour-propre de nos concitoyens réclamant un échange de poignées de main vigoureuses, auquel chacun met de l’insistance. Mais ici, un Yambo bana, en réponse à tous ceux qu’on vous adresse, paraît suffire. Tout le monde s’en contenta, excepté l’homme important du pays, qui, en sa qualité de personnage, voulait une attention particulière, et qui s’avança pour recevoir un Yambo individuel et pour me serrer la main.
Ce notable, coiffé d’un turban à longue traîne, était le djémadar Esaü,
Vue de Bagamoyo.
commandant les Béloutchis que Sa Hautesse entretient à Bagamoyo, et qui sont à la fois soldats, agents de police et gendarmes.
Le djémadar avait accompagné Speke et Grant assez loin dans l’intérieur de l’Afrique, ce dont ces messieurs l’avaient amplement récompensé.
Bien disposé, dès lors, en faveur des Vouasoungou (hommes de race blanche), il aida lui-même au débarquement de l’expédition ; et, quelque peu engageant qu’il paraisse, quelque désagréables que soient sa malpropreté et sa figure poilue, je le recommande à tous les voyageurs qui auraient à venir à Bagamoyo : il a sur la populace une influence précieuse.