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attendre quelques minutes la dépêche qui annonçait à l’Europe le salut de Livingstone ; et j’ai peine à croire que, s’il se fût agi de rapatrier le grand voyageur, la discipline n’eût pas fléchi un instant.

Après avoir licencié ma bande, je m’occupai d’en constituer une pour le docteur. Les objets que celui-ci m’avait demandés, et que ne possédait pas l’expédition anglaise, furent achetés avec l’argent que me donna le jeune Livingstone. Cinquante fusils, dont la nouvelle caravane avait besoin, ainsi que l’étoffe qui lui était nécessaire pour la route, furent pris également dans les magasins de l’expédition.

M. Oswald Livingstone déploya beaucoup de zèle dans tous ces préparatifs, et me seconda de tout son pouvoir. Il m’envoya l’Almanach nautique pour 1872, 1873, 1874 ; plus un chronomètre qui appartenait à son père, et qui était resté entre les mains du consul. Ces derniers objets, ainsi que le papier, les carnets, le journal, le thé, le vin, les médicaments, les conserves, le biscuit, la farine, la coutellerie, la vaisselle, furent emballés dans des caisses de fer-blanc, où ils se trouvèrent à l’abri de l’humidité et du contact de l’air.

Jusqu’au 18 mai, il fut bien entendu que M. Oswald Livingstone se chargeait de conduire à son père la cargaison dont il s’occupait avec moi. Mais à cette époque, il changea d’avis, et il m’écrivit le 19 que, par des motifs qui lui semblaient justes et suffisants, il ne se rendrait pas dans l’Ounyanyembé. Je fus très-surpris, et me hasardai à lui faire entendre que, puisqu’il était venu jusqu’à Zanzibar, il était de son devoir d’accompagner la caravane. Mais il est évident qu’il croyait bien faire ; et le docteur Kirk lui donnant le conseil de ne compromettre ni sa santé, ni ses études, par un voyage dont la nécessité n’avait rien d’absolu, je pense qu’il a eu raison de ne pas partir. Il avait en M. Kirk une entière confiance ; il croyait plus au jugement de cet homme expérimenté qu’en lui-même ; et il est naturel qu’il ait suivi le conseil de l’ancien ami, de l’ancien compagnon de son père.

Je n’avais plus dès lors qu’à chercher un Arabe qui pût diriger la petite expédition, et la conduire à bon port. J’écrivis au docteur Kirk, en le priant d’user à cet égard de l’influence qu’il avait auprès de Sa Hautesse. Il me répondit aussitôt :