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l’embouchure du Roussizi, et que vous rapportiez les dépêches du docteur.

— Fort bien ; mais tous ces renseignements vous les teniez de mes hommes ; aucune pièce ne vous avait été mise sous les yeux ; vous avez donc agi sans avoir la preuve du fait.

— Enfin, il est retrouvé, il est secouru ; du moins à ce que m’a dit le lieutenant Henn. Est-ce vrai ?

— Assurément. Livingstone n’a plus besoin que d’un petit nombre d’articles que je vais lui expédier. Un supplément d’étoffe et de perles lui serait un embarras ; et je rapporte de lui tout ce qu’il a pu écrire.

— Ne trouvez-vous pas alors que j’ai eu raison ?

— Pas tout à fait. Je sais bien que cela revient au même, car il est probable qu’on vous eût rappelé. Mais vous avez des instructions, je ne les connais pas et ne saurais juger de ce que vous deviez faire. Dans tous les cas, je pense qu’il fallait m’attendre ; après cela vous auriez eu une excuse légitime. Pour moi, je ne me serais pas démis de mon commandement avant d’en avoir référé à ceux qui me l’avaient confié.

— Mais dans l’état des choses, ne trouvez-vous pas que j’ai bien fait ?

— À l’égard de Livingstone, je le répète, l’expédition devenait inutile ; mais peut-être aviez-vous d’autres ordres ?

— Très-accessoires ; si j’entrais en Afrique, je devais relever ma route et observer les lieux. L’Amirauté n’en a même rien dit : elle m’a donné un congé d’un an pour la recherche du grand explorateur, et n’a pas parlé d’autre chose. Je n’avais donc plus qu’à revenir.

— Vos instructions ne disent-elles rien à mon sujet, dans le cas où vous me rencontreriez ?

— Pas un mot ; on savait pourtant que vous étiez dans ces parages ; car l’un des membres de la Société géographique m’a soufflé, en particulier, que je pourrais bien avoir à vous secourir. J’ai connu votre expédition par la lettre de l’Herald ; mais en même temps on nous a annoncé que vous aviez la fièvre et que probablement vous étiez mort. Ici on m’a beaucoup parlé de vous ; le jour même de mon arrivée, j’ai entendu dire que vous aviez retrouvé Livingstone ; mais je n’y ai pas fait attention ; il n’y a qu’après avoir parlé à vos hommes que j’ai compris qu’il n’y avait plus rien à faire.

— Ainsi mon nom ne vous a pas même été mentionné ! On sa-