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effervescent, d’une vitalité débordante, d’un esprit jovial, toujours prêt à rire. L’autre était calme jusqu’à la froideur, avait les manières tranquilles, l’esprit sérieux, l’air ferme, le visage impassible, mais vivifié par des yeux pleins d’éclairs.

De ces deux hommes, le dernier, bien mieux que le précédent, m’aurait paru convenir pour diriger une expédition. Toutefois, si le lieutenant Henn avait les qualités de résistance, — je ne parle pas de la vigueur physique, mais de la force morale qui supporte les calamités, et qui persévère en dépit de la souffrance et des obstacles — son élan, son entrain, sa gaieté communicative en auraient fait un précieux compagnon.

Par sa nature, Oswald semblait plus capable de porter le fardeau du commandement et de la responsabilité qui en résulte. William Henn, avec sa vivacité, son humeur primesautière et mobile, paraissait trop jeune pour une si lourde charge, bien qu’il fut d’un âge plus avancé,

« Nous parlions de vous, monsieur Livingstone ; et je disais au lieutenant que, quelle que fût sa détermination, vous deviez aller rejoindre monsieur votre père.

— Tel est mon désir.

— À merveille. Je vous procurerai les porteurs dont votre père a besoin, ainsi que les objets qui lui manquent. Mes hommes reprendront sans peine le chemin de l’Ounyanyembé, ils le connaissent parfaitement, c’est un grand avantage. Ils savent la conduite qu’il faut tenir avec les chefs ; vous n’aurez pas à vous inquiéter d’eux ; la seule chose sera de les tenir en haleine ; le grand point est d’aller vite, votre père les attend.

— S’il ne faut que cela, je saurai les faire marcher.

— Cela ne sera pas difficile ; leur charge sera légère, et ils feront aisément de longues étapes. »

Ce fut dès lors une affaire réglée. Le lieutenant Henn persistait à penser que le docteur ayant été secouru, il n’avait pas besoin de partir ; mais avant de résigner ses fonctions, il voulait en parler an consul ; et il résolut de passer à Zanzibar le lendemain, avec l’expédition du New-York Herald.

Il était deux heures du matin lorsque nous nous séparâmes. Le lieutenant m’avait offert l’hospitalité ; mon lit était vraiment confortable. La chambre renfermait une quantité de bagages, parmi lesquels certains objets, tels que havresacs, portemanteaux, sacs de nuit, chemises en cuir pour les armes, etc., etc., montraient l’inexpérience de ceux qui pensaient en faire usage. Mais