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parlé, quand nous les vîmes revenir à toutes jambes en nous criant : « Pourquoi vous arrêter ? Voulez-vous donc mourir ? Ces païens refusent le honga, et se vantent d’avaler toute votre étoffe. »

Les Vouanyamouézi, qui ont renoncé à leurs tribus pour s’établir dans l’Ougogo, ont toujours été notre fléau dans cette province.

À peine les Vouangouana achevaient-ils leurs paroles, qu’on aperçut le chef de Khoozé qui se dirigeait vers nous. Je commandai immédiatement à mes hommes de charger leurs fusils ; je pris mon raïfle, que je munis ostensiblement de ses nombreuses cartouches, et, le tenant à la main, j’allai au-devant du chef. « Êtes-vous, lui demandai-je, dans l’intention d’user de violence pour vous emparer de notre étoffe, ou consentez-vous à recevoir paisiblement les trois dotis que je vous présente ? »

Le Mnyamouézi, qui était cause de toute l’affaire, voulut parler ; mais le prenant à la gorge, je le menaçai de lui aplatir le nez tout à fait, s’il ne gardait pas le silence, et de le tuer le premier si nous étions forcés de nous battre ; puis je le repoussai violemment. Le chef s’amusa beaucoup du procédé et rit de bon cœur de l’air déconfit de son parasite. Bref, peu de temps après, l’affaire était réglée, et nous nous séparions dans les meilleurs termes.

Le soir nous arrivions à Sanza, et le 31 à Kanyényi, chez Magomba, le grand mtémi, qui a pour fils et pour héritier Mtandou M’gondeh. Comme nous passions près de la résidence du chef, le msgira ou premier ministre, un homme aimable à tête grise, entourait d’une palissade épineuse un champ de maïs levé tout nouvellement. Il salua la caravane d’un yambo sonore, se mit à la tête de nos hommes et les conduisit à la place où nous devions camper.

Lorsqu’on eut dressé ma tente, il s’y présenta d’une façon très-cordiale. Je lui offris un tabouret ; quand il fut assis, il prit la parole du ton le plus affable. Il se rappelait fort bien mes prédécesseurs, Burton, Speke et Grant, déclara que j’étais beaucoup plus jeune qu’eux ; et n’ayant pas oublié que l’un de ces voyageurs aimait le lait d’ânesse, il m’en fit apporter. La manière dont j’avalai ce breuvage parut lui causer une vive satisfaction.

Ounamapokéra, fils de cet aimable vieillard, un homme de grande taille, qui pouvait avoir une trentaine d’années, se prit d’amitié pour moi, et promit de faire en sorte que mon tribut fût