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du Nil ; mais quand vous serez satisfait à cet égard, vous reviendrez satisfaire les autres ; est-ce bien cela ?

— Exactement. Dès que mes hommes seront arrivés, je partirai pour l’Oufipa, je traverserai le Roungoua, je suivrai la partie méridionale du Tanganika ; et, prenant au sud-est, je gagnerai la résidence de Chicambi, sur la Louapoula. Après avoir franchi cette rivière, j’irai droit à l’ouest, aux mines de cuivre du Katanga, d’où je me rendrai aux quatre fontaines, qui, d’après les indigènes, sont à huit jours au sud des mines. Quand je les aurai trouvées, je reviendrai par Katanga aux demeures souterraines du Roua. Dix jours de marche au nord-est de ces cavernes me conduiront au lac Kamolondo. Grâce au bateau que vous me laissez, je m’embarquerai sur ce lac, je remonterai la Loufira jusqu’au lac Lincoln ; puis je regagnerai le Kamolondo ; enfin, me dirigeant vers le nord, je descendrai le Loualaba (rivière de Webb) qui me mènera au quatrième lac, où je pense avoir la clef du problème. 11 est présumable que ce dernier lac est le Chohouambé (lac de Baker) ou celui de Piaggia.

— Et combien de temps vous faudra-t-il pour faire ce petit voyage ?

— Un an et demi au plus, à dater du jour où je quitterai l’Ounyanyembé.

— Mettons deux ans ; vous savez, il y a l’imprévu. J’engagerai vos hommes pour ce terme, à compter de l’époque où ils vous arriveront.

— À merveille.

— Maintenant, cher docteur, les meilleurs amis doivent se quitter ; vous êtes venu assez loin ; permettez que je vous renvoie.

— Très-bien ; mais laissez-moi vous dire : vous avez accompli ce que peu d’hommes auraient fait, et beaucoup mieux que certains grands voyageurs. Je vous en suis bien reconnaissant. Dieu vous conduise, mon ami, et qu’il vous bénisse.

— Puisse-t-il vous ramener sain et sauf parmi nous, cher docteur ! »

Nos mains se pressèrent. Je m’arrachai vivement à cette étreinte, et me détournai pour ne pas faiblir. Mais à leur tour Souzi, Chumah, Hamoydah, tous ses gens me prirent les mains pour me les baiser, et je me trahis moi-même.

« Adieu, docteur, cher ami !…

— Adieu. »