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de tout encouragement — pas même une lettre — je me suis appliqué à la tâche que m’a confiée sir Roderick Mutchison, que je m’y suis appliqué, dis-je, avec une ténacité de John bull, croyant qu’à la fin tout s’arrangerait.

« La ligne du partage des eaux de l’Afrique centrale, de ce côté-ci de l’équateur, a une longueur de plus de sept cents milles. Les sources que sépare cette ligne de faîte sont innombrables ; c’est-à-dire que, pour les compter, il faudrait la vie d’un homme. De ce déversoir, elles convergent et se réunissent dans quatre grandes rivières, qui, à leur tour, rejoignent deux puissants cours d’eau de la grande vallée du Nil. Cette vallée commence entre le dixième et le douzième degrés de latitude méridionale.

« Ce ne fut qu’après de longs travaux que je vis s’éclairer l’ancien problème, et que je pus avoir une idée précise du drainage de cette région. Il me fallut chercher ma route, la chercher sans cesse, à chaque pas et presque toujours à tâtons. Qui se souciait de la direction des rivières ?  Nous buvons tout notre content, et « nous laissons le reste couler, » m’était-il répondu :

« Les Portugais n’allaient chez Cazembé que pour y acheter de l’ivoire et des esclaves, et n’y entendaient pas parler d’autre chose. Pour moi c’était le contraire ; je ne m’informais que des eaux ; questions sur questions que je répétais sans cesse, au point d’avoir peur d’être accusé de folie.

« Mon dernier travail, auquel le manque d’auxiliaires convenables apporta de grands obstacles, consista dans l’examen du canal d’écoulement que j’ai suivi à travers le Manyouéma ou Manyéma, et qui, d’une largeur d’un à trois milles, n’est guéable en aucun endroit, à aucune époque de l’année. La ligne de ce canal présente quatre grands lacs ; j’étais voisin du quatrième quand il m’a fallu revenir.

« La Loufira, ou rivière de Bartle Frère, qui vient du couchant, tombe dans le lac Kamolondo ; le Lomami, grande rivière qui vient également de l’ouest, se jette dans le même lac, après avoir traversé le lac Lincoln, et semble former la branche occidentale du Nil, sur laquelle sont les établissements de Petherick.

« Je connais actuellement six cents milles environ de ce système fluvial ; malheureusement la dernière centaine de milles, celle que je n’ai pas vue, est la plus intéressante. Si l’on ne m’a pas trompé, elle renferme quatre fontaines sortant d’un monticule terreux ; l’une de ces quatre sources ne tarde pas à être une grande rivière.