Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/517

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à proscrire dans l’Ounyamouézi — mauvais pour le foie. Autre fromage entièrement creux, rongé par les vers ; une attrape.

Dans la troisième caisse, seulement deux pains de sucre.

Dans la quatrième, des bougies ; dans la cinquième, des sauces d’Harvey, de Reading, de Worcester, de l’essence d’anchois, du sel, du poivre, de la moutarde. Bonté divine ! quels réconfortants pour un moribond !

La sixième caisse contenait deux paires de fortes chaussures, quatre chemises, des bas et des cordons de souliers qui rendirent le docteur le plus heureux des hommes.

« Richard se retrouve ! s’écria-t-il en essayant les chaussures.

— Quel qu’il soit, dis-je à mon tour, celui qui envoie cela est un véritable ami.

— Oui, reprit le docteur, c’est mon ami Waller. »

Les cinq autres caisses renfermaient des conserves de viande et de bouillon.

La liste portait bien une douzième boite, où il devait y avoir douze bouteilles d’eau-de-vie médicinale ; mais cette boite-là avait disparu. Un examen attentif et l’interrogatoire du chef de la caravane prouvèrent qu’il manquait, en outre, deux balles d’étoffe et quatre sacs de perles rouges, dites samé-samé, qui, dans le pays, valent de l’or.

J’étais cruellement désappointé ; l’ouverture de chaque caisse avait été une déception. Des boîtes de biscuit, une seule était en bon état ; à peine en tout de quoi faire un repas complet. Des conserves de bouillon ! Qui donc en demandait en Afrique ? Est-ce qu’il n’y a pas là des bœufs, des moutons et des chèvres de quoi faire tous les consommés possibles, et cent fois meilleurs que pas un de ceux qu’on a jamais exportés ? Des petits pois et des juliennes, fort bien ! c’eût été un régal ; mais du bouillon de poulet, ou de gibier… Quel non-sens !

J’inspectai après cela tout ce qui m’appartenait. Une bouteille de champagne et une de vieille eau-de-vie m’avaient été laissées ; mais il était évident qu’une main déshonnête avait plongé dans mes ballots. Quelqu’un m’insinua que le coupable pouvait bien être Asmani, le chef de la caravane de Livingstone, l’individu chargé par le consul d’Angleterre des bagages du voyageur. Examen fait du trésor de l’accusé, j’y trouvai huit ou dix dotis d’étoffe dite de couleur, portant la marque de mon propre agent de Zanzibar. Comme il fut impossible au prévenu d’expliquer la pré-