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CHAPITRE XVII

Retour à la côte.


Kouihara me semblait maintenant un paradis terrestre. Livingstone ne s’y trouvait pas moins heureux ; comparée à celle d’Oujiji, sa nouvelle demeure était un palais ; outre l’étoffe, les grains de verre, le fil de laiton, les mille objets qui avaient formé la cargaison de cent cinquante hommes, et dont la moitié devait lui revenir, il y avait dans nos magasins une quantité de bonnes choses.

Ce fut un grand jour que celui où, le marteau et le ciseau à la main, j’ouvris les caisses du docteur, ces caisses où nos estomacs allaient trouver le festin rêvé, la nourriture qui devait les guérir des effets cacotrophiques du sorgho et du maïs, auxquels ils avaient été condamnés dans le désert. J’étais persuadé qu’une fois au régime de ces coulis, de ces terrines, de ce biscuit américain, je serais non moins invincible que Talus, et qu’il me suffirait d’un fléau pour anéantir tous les Vouagogo, s’ils me regardaient de travers.

La première caisse qui fut ouverte renfermait trois boites de biscuit et six de jambon ; des boites pas plus grandes qu’un dé à coudre, où il y avait gros comme une noisette d’un hachis de viande excessivement poivré. Plus cinq pots de confiture ; c’est-à-dire cinq pots de grès pesant chacun une livre, et dans lesquels se trouvait une cuillerée de marmelade. Je commençais à croire que nos espérances s’étaient élevées trop haut. Je tirai ensuite trois flacons de cari ; qui se souciait d’en avoir ? Les provisions du docteur descendaient à cinq cents degrés au-dessous de zéro dans mon estime.

De la seconde caisse tomba un fromage de Hollande, sec et trapu, dur comme une brique, néanmoins de bonne qualité ; mais