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Manyara, lorsque nous allions à Oujiji. Il paraît que le drôle s’était arrêté à Kigandou, et avait dit au chef qu’il venait de ma part, reprendre l’étoffe que j’avais laissée au docteur du village pour soigner Mabrouki Sélim, et que ce chef trop crédule avait accédé à sa requête ; d’où il résultait que le malade, n’ayant plus de secours, était mort.

À son retour de Zanzibar à Kouihara, où il était arrivé cinquante jours après notre départ pour Oujiji, Sarmian avait appris la mort de Shaw et avait su qu’un des hommes que j’avais loués comme guides était revenu depuis quelque temps. Sans paraître s’occuper du déserteur, Sarmian ne l’avait pas perdu de vue ; et, lorsque Choupéreh et Férajji étaient arrivés, il avait fait avec eux une descente chez le coupable qu’il avait saisi. Puis avec le zèle qu’il avait toujours déployé à mon service, le brave soldat s’était procuré une fourche, l’avait passée au cou du délinquant, et en avait fermé l’ouverture par une traverse, attachée de manière à empêcher le captif de s’en débarrasser.

Il n’y avait pas moins de sept paquets de lettres et de journaux que différents chefs de caravane, suivant la promesse qu’ils en avaient faite au consul, avaient déposés chez moi, où ils s’étaient accumulés. Parmi ces paquets à mon adresse il y en avait un du docteur Kirk, renfermant deux ou trois lettres pour Livingstone. Je les remis naturellement à celui-ci, en le félicitant de ce que son ami ne l’avait pas oublié. Sous la même enveloppe se trouvait un mot pour moi, du consul d’Angleterre, qui me priait de me charger des bagages de l’illustre voyageur, et de faire tous mes efforts pour qu’ils parvinssent le plus tôt possible à leur adresse. La lettre contenait en outre un avis dilatoire au sujet de mon retour par le lac Victoria, dont le chemin n’était pas praticable ; mais le ton général du billet était bienveillant, même cordial. Le paquet était daté du 25 septembre 1871 ; j’étais alors en marche depuis cinq jours pour gagner le Tanganika.

« Voilà, dis-je à Livingstone, un mot du consul qui me demande de faire tout mon possible pour que les objets que vous avez ici vous parviennent. Si j’avais reçu plus tôt cette autorisation, votre caravane serait partie avec moi. En l’absence de tout message, j’ai fait de mon mieux en vous amenant ; la montagne ne pouvant pas aller vers Mahomet, il fallait bien que Mahomet allât rejoindre la montagne. »

Mais Livingstone ne m’entendait pas ; il était trop absorbé par la