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sistance. Quel précieux compagnon de route ! Ce n’est pas la première fois que j’ai l’occasion de le sentir. Personne mieux que lui ne sait vous consoler d’un échec ou vous faire valoir à vos propres yeux. Si j’ai tué un zèbre, c’est la première venaison d’Afrique ; Osweld, le grand chasseur, et lui-même, l’ont déclaré depuis longtemps. Ai-je tué un buffle ? C’est le meilleur de l’espèce ; « comme il est gras ! » et les cornes valent la peine d’être gardées comme échantillon. Si je reviens les mains vides, ce n’est pas étonnant : le gibier est farouche, la saison est mauvaise ; ou nos gens ont fait du bruit ; « et approchez donc d’une bête qui a pris l’alarme. » Tout cela d’un ton sincère qui me rend heureux de ses éloges et me fait oublier mes défaites.

Ibrahim, le vieux pagazi dont le cœur a été brisé par la perte de sa gourde, avait placé à Oujiji son étoffe dans l’achat d’un esclave du Manyéma, nommé Oulimengo, nom qui signifie Le Monde. Un peu avant d’arriver à Mpokoua, Oulimengo a disparu avec la fortune de son maître, composée de quelques choukkas et d’un sac de sel qui devait être négocié dans l’Ounyanyembé. Ibrahim, inconsolable de cette nouvelle perte, se lamentait quotidiennement, d’un ton ci lugubre, qu’au lieu d’y prendre part, chacun riait de sa douleur. « Pourquoi, lui demandai-je, avez-vous acheté un homme de cette race, et pourquoi ne lui donniez-vous pas de nourriture ? » Il me répondit aigrement : « Est-ce qu’il n’était pas mon esclave ? L’étoffe avec laquelle je l’ai payé n’était-elle pas à moi ? Si l’étoffe m’appartenait, ne pouvais-je pas en acheter ce qui me faisait plaisir ? Pourquoi me dites-vous ces paroles ? »

Ce soir, le cœur Ibrahim a été consolé par le retour d’Oulimengo, du sel et des choukkas. Le vieux porteur, qui par parenthèse n’a plus qu’un œil, en a dansé de joie ; il est venu en toute hâte m’apprendre cette heureuse nouvelle.

« Lo ! bana, Le Monde est revenu, pour sûr ! Mon sel et mon étoffe sont avec lui, pour sûr ! »

À quoi j’ai répondu qu’à l’avenir il ferait bien de nourrir son Monde ; les esclaves ayant besoin de manger, tout aussi bien que leurs maîtres.

De six heures du soir à minuit, Livingstone a fait des observations d’après l’étoile de Canope, d’où il résulte que Mpokoua, district d’Outanda, province d’Oukonongo, est situé par de latitude méridionale. Des calculs approximatifs me l’avaient fait mettre sur ma carte à ce n’était donc qu’une différence de .