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à la tempe, un calibre 8 ferait, je crois, tomber l’animal à chaque coup.

Faulkner a certaines affirmations prodigieuses d’éléphants tués raides, à bout portant, d’une balle dans le front, le fait est si incroyable, que je ne saurais y ajouter foi, surtout quand le narrateur dit que le bout du raïfle était marqué sur la trompe. Ceux qui voyagent en Afrique, spécialement les chasseurs, sont trop enclins à raconter des choses difficiles à croire pour les gens ordinaires. De tels récits ne doivent être acceptés que lorsqu’ils sont bien faits, et comme étant destinés à l’amusement des gens sédentaires.

À l’avenir, quand je lirai qu’on a brisé l’épine dorsale d’une antilope à six cents yards, je supposerai que le dernier zéro est un lapsus calami, ou une faute d’impression ; car la chose n’est pas praticable dans les forêts africaines. Une antilope fait une bien petite cible à une pareille distance. Mais toutes ces histoires appartiennent à ceux qui ne vont en Afrique que par amour du sport ; elles sont à eux de droit divin. J’ai entendu sur la côte, en face de Zanzibar, de jeunes officiers, ayant à peine vingt ans, raconter avec une aisance et une volubilité sans pareilles les effroyables aventures qu’ils avaient eues avec des éléphants, des lions, des léopards, et tant d’autres. S’ils tiraient sur un hippopotame, ils l’avaient tué ; s’ils apercevaient une antilope, c’était un lion qu’ils avaient roulé du premier coup. L’éléphant, qu’ils ne connaissaient que par le jardin zoologique, ils l’avaient rencontré dans ses solitudes natales, et « abattu sans peine, monsieur ; j’en ai chez moi les dents énormes, que je vous montrerai quelque jour, si vous voulez. »

C’est une maladie chez certaines gens de ne pas pouvoir raconter les faits tels qu’ils sont, dire la vérité pure et simple. Un voyage en Afrique est bien assez aventureux par lui-même, sans qu’on y ajoute. Ceux qui ont pris part à la campagne d’Abyssinie doivent se rappeler cet étonnant major, qui racontait par boisseaux les histoires les plus extraordinaires, les plus mirobolantes. Je donnai un jour à ce gentleman une peau de bison que j’avais reçue dans le Kansas, près de Medicine Lodge, et qui me venait de Satanta, chef des Kiowas. Le lendemain, j’entendis mon major expliquer à ses auditeurs qu’il avait tué ce bison dans la Prairie avec un simple pistolet. Ce n’est là qu’un des exemples de la fantaisie à laquelle se livrent maints chasseurs. Les sportsmen qui ont visité le nord et le sud de l’Afrique sont célèbres pour la va-