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Cette provision devait les conduire assez loin dans le désert qui se déployait devant nous. Il est à remarquer que ce fut le raïfle, et non le chasseur, qui reçut les éloges de la bande.

Le lendemain nous continuâmes à marcher au levant, sous la conduite du Kirangozi. Par ses discours sans nombre, Asmani nous avait fait croire qu’il connaissait à fond les districts d’Yombeh, de Ngondo et de Pumbourou ; mais il n’en était rien. Je le vis dès le second jour nous ramener à la gorge du Loadjéri, derrière laquelle s’élevait une triple rangée de montagnes, dont les passes nous auraient fait aller au nord-nord-est, tout à fait en dehors de notre route.

Après en avoir causé avec le docteur, je me mis à la tête de la caravane ; et, suivant la crête d’un chaînon transversal, je pris droit au levant, sans tenir compte de la direction du sentier. De temps à autre, nous rencontrions un chemin battu, que nous suivions jusqu’au moment où il s’écartait de notre ligne.

Nous arrivâmes de la sorte au gué du Loadjéri. Cette rivière prend naissance au midi et au sud-est du pic de Kakoungou. Après avoir franchi le gué, nous continuâmes à nous frayer la voie dans le même sens, jusqu’à la route qui va de Karah à Ngondo et à Pumbourou, dans le sud du Kahouendi.

Pumbourou faisait la guerre au Manya Msengé, district du Kahouendi-Septentrional ; la prudence voulait qu’on s’éloignât de cette province ; et nous nous dirigeâmes vers un cirque montagneux, dont la brèche s’ouvrait en face de nous.

Le gibier pullulait ; on voyait de tout côté des troupeaux de buffles, des bandes de zèbres.

Parmi les arbres les plus importants se remarquaient l’hyphœné, le borassus, et un autre dont le fruit, de la grosseur d’un boulet de six cents livres, porte chez les indigènes le nom de mabyah, qui, dans le langage de la côte, veut dire méchant, mauvais, désagréable. Suivant le docteur, on en mange les graines après les avoir fait griller. Ce n’est pas une friandise à recommander aux Européens.

Le 10 janvier nous entrâmes dans un parc magnifique ; toutefois la pluie, qui tombait maintenant avec abondance, et la hauteur de l’herbe y rendirent ma tâche extrêmement difficile. Pas de sentier dans ces prairies où, marchant à la tête de nos hommes, et tenant ma boussole d’une main, j’avais à ouvrir cette muraille de tiges mouillées, qui m’arrivaient jusqu’au menton.

La nuit fut passée près d’un charmant cours d’eau, affluent du