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place infecte, un blanc eût passé la nuit sans être en danger de mort. Nous trouvâmes plus haut, à l’extrémité sud-est de la baie, un endroit favorable pour y camper. Cet endroit, dont les calculs de Livingstone établirent la position par de latitude australe, est à un mille et demi environ droit au couchant du pic de Kivanga ou de Kakoungou.

Le delta formé par les bouches du Loadjéri et par celles du Mogambazi, a une étendue de quinze milles, complètement impraticables : un sol plat et inondé, couvert d’énormes roseaux, d’eschinomènes, de broussailles épineuses. Personne n’avait entendu parler de notre caravane, et il était inutile de la chercher dans une contrée aussi inhospitalière. Pas moyen de s’y approvisionner ; les habitants vivaient au jour le jour de ce que la fortune avare jetait dans leurs filets ; et l’on mourait de faim dans leurs villages.

Le lendemain de notre arrivée à Ourimba, je me dirigeai vers l’intérieur de la contrée avec Kaloulou, mon petit servant d’armes, qui portait le raïfle du docteur, un superbe Reilly à deux coups, n° 12. Après avoir fait un mille, j’aperçus à peu de distance une troupe de zèbres. Me traînant à plat ventre, j’arrivai à n’être plus qu’à cent pas du gibier. Mais l’endroit était détestable : un fouillis d’épines ; et la tsétsé me bourdonnant aux oreilles, se jetant dans mes yeux, me piquant le nez, se posant sur le point de mire, me troubla complètement. Pour ajouter à ma misère, les efforts que je fis en cherchant à me dégager des broussailles alarmèrent les zèbres, qui tous regardèrent de mon côté. Les voyant près de s’enfuir, je tirai sur l’un d’eux en pleine poitrine, et le manquai ; cela va sans dire.

Je me précipitai alors dans la plaine, où la bande, qui avait pris un galop rapide, se ralentit au bout de trois cents mètres. Une bête magnifique trottait fièrement à la tête de ses compagnons ; je la visai, en toute hâte, et j’eus la chance de lui traverser le cœur.

Un peu plus loin, j’abattis une oie d’une taille énorme, et qui avait un éperon corné, très-aigu, à chacune des ailes. Cette quantité de viande augmentait d’une façon extrêmement heureuse l’approvisionnement dont notre caravane allait avoir besoin.

Ce ne fut que le troisième jour de notre halte â Ourimba que nous vîmes arriver nos marcheurs. Comme ils atteignaient la crête d’une chaîne de montagnes, située derrière Nirembé, à