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reçut un mousquet, une poire à poudre, un sac à balles, une hache, un couteau et des munitions pour deux cents coups.

Bombay, eu égard à son titre de capitaine, et aux loyaux services qu’il avait rendus à Burton, à Speke et à Grant, fut loué à raison de quatre-vingts dollars par an, dont moitié lui fut payée d’avance. Il eut en outre une bonne carabine, un pistolet, un couteau et une hache.

Ambari, Mabrouki, Oulimengo, Barati et Oulédi, les cinq autres fidèles, reçurent de même une paye un peu plus forte que celle de leurs camarades. Leur solde, en faveur de leur passé, fut portée à quarante dollars, auxquels s’ajouta l’équipement nécessaire.

Je n’ignorais aucune des difficultés de la recherche que j’allais entreprendre. Obvier à toutes celles que l’on pouvait prévoir était ma pensée constante, le but de toutes mes actions.

Lorsqu’au bord du Tanganîka, j’en regarderais l’autre rive, devrais-je être arrêté par l’insolence d’un Kannéna[1], ou le caprice d’un Ben-Soulayyam[2] ? Afin d’échapper à cette occurrence, j’achetai deux bateaux. L’un, qui pouvait contenir vingt personnes, avec les marchandises nécessaires pour les défrayer, me fut cédé par M. Webb, au prix de quatre-vingts dollars. Le second, dans lequel six hommes et leurs bagages devaient être à l’aise, fut payé quarante dollars à un autre Américain.

Il n’était pas possible d’emporter ces bateaux intégralement ; il fallait les démonter et n’en prendre que la charpente. Je me chargeai de l’opération, qui dura cinq jours. Ainsi démembrées, les traverses et les couples furent divisées par lots, qui, tout emballés, n’excédèrent pas soixante-huit livres. Quant au bordage, il fut remplacé par une enveloppe, composée de deux toiles fortement goudronnées. Ce fut l’œuvre de Shaw, qui déploya dans ce travail une extrême habileté. Six pièces de toile y passèrent, toile de chanvre anglaise, n° 3, qui sortait des magasins du sultan et qui nous fut procurée par Ladha Damji.

Le grand obstacle à la rapidité des voyages, dans cette partie de l’Afrique, vient de la nature des moyens de transport. Les pays les moins favorisés à cet égard, voire l’Arabie et le Turkestan, ont des routes royales comparativement à cette région. Le numéraire y est connu, et vous met dans la poche tout ce qu’il faut pour vous tirer d’affaire. Ici, au lieu d’un florin ou d’un demi-dollar, il vous faut deux mètres d’étoffe ; un collier à la

  1. Voir Burton, Voyage aux grands lacs, p. 437 et 441.
  2. Ibid., p. 435.