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vêtrant de mille manières ; zigzags courant sur les membres ; cercles entrecroisés ou concentriques formant bracelets, entourant les seins ou le nombril ; diagonales de l’épaule droite à la hanche gauche, et réciproquement ; bandes ondulées ou horizontales sur la poitrine, boutons et grandes plaques sur le ventre. L’opération doit être douloureuse, à en juger par l’énorme quantité de pustules qu’elle fait naître ; mais dans ces contrées l’amour de la parure ne s’arrête qu’au fond de la bourse.

Ceux qui peuvent en faire les frais portent jusqu’à trente et quarante colliers de perles de toutes les couleurs, de toutes les formes ; je parle des Vouajiji et des Vouaroundi, principalement de ces derniers. À toute cette verroterie s’ajoutent des défenses de sanglier et d’hippopotame suspendues au cou, ainsi que de minces croissants d’ivoire ; enfin de lourdes plaques sculptées de la même matière, retombant dans le dos. Parfois des clochettes de fabrique indigène, des morceaux de filigrane en fer ou en laiton, des pierres polies, des coquilles, des charmes, des amulettes pendent sur la poitrine. Aux anneaux de métal se joignent les rangs de perles bleues, de perles rouges, portés aux bras et aux poignets, et d’autres fils de perles mis en ceinture.

En outre, surtout chez les Vouaroundi, l’usage du fard est très-répandu ; non-seulement les joues, les sourcils et les paupières, mais la tête et le corps sont frottés d’ocre rouge, d’une nuance plus ou moins vive.

Une argile poreuse et rougeâtre, déposée dans les ravins par les eaux, est également employée pour teindre les peaux de mouton, de veau ou de chèvre mégies qui servent de vêtements, et que, en surplus de leur teinture, les préparateurs décorent de points, de lignes et de cercles noirs à la manière des Peaux-Rouges.

Les femmes de ces tribus ont l’affreuse habitude d’étirer leurs grandes mamelles, pareilles à des bourses longues, en les attachant avec une corde qu’elles se passent autour de la taille.

Elles portent, soit pour se défendre, soit pour obéir à la mode, de grandes cannes, dont quelquefois un petit lézard ou un petit crocodile sculpté constitue la pomme.

Les Vouajiji, de même que les Vouakaranga, sont de nature superstitieuse. J’ai vu à Niamtaga, près de la porte du village, un buste en bois peint qui représentait le dieu protecteur. Cette idole aux yeux fixes et largement ouverts, dont les grosses prunelles noires sortaient d’un masque blanc, et qui était coiffée d’une espèce de loque jaune, paraissait être en grande vénération ; pas un