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qui est tout simplement de la pâte demi-liquide et chaude. Ce potage est accompagné de légumes, tels que haricots, fèves ou concombres, cuits à l’eau et ensuite écrasés.

La viande figure rarement dans le menu ; elle est trop chère ; et l’aversion que les convives ont pour une foule d’animaux restreint la quantité de celle qu’ils pourraient obtenir. Toutefois les Vouanyamouézi aiment beaucoup ce genre d’aliment ; quand ils peuvent se le procurer aux frais des autres, ils s’en gorgent outre mesure. Je n’ai jamais été heureux à la chasse sans voir les miens passer la nuit pour finir leur quartier de viande, comme si, à leurs yeux, il se fût agi d’un devoir sacré. Le fœtus et les entrailles sont pour eux des morceaux de choix.

Le mush des Américains[1], fait avec de la farine de maïs, est connu dans toute cette région. Quand cet humble mets est préparé, les hommes de la famille entourent le pot qui le renferme, y prennent une large poignée de cette pâte, la trempent dans le plat de purée ou de beurre fondu qui l’accompagne et s’en emplissent la bouche.

Les femmes mangent séparément ; ce serait déroger à sa dignité d’homme que de prendre ses repas avec elles.

L’extrême vieillesse est peu commune au centre de l’Afrique ; mais on voit des cheveux blancs et des échines courbées dans presque tous les villages. C’est dans l’Ounyanyembé et dans l’Ougogo, anciens États, où la population bien assise vit en sécurité, que j’ai vu les vieillards les plus âgés. Magomba, sultan de Kanyényi, doit avoir près de quatre-vingt-dix ans ; le capitaine Burton, qui l’a vu en 1858, en parle comme d’un être arrivé à la décrépitude. Il vit encore, mais ne peut plus marcher sans qu’on lui donne le bras. Kiséhouah, l’aîné de ses fils, doit avoir beaucoup plus de soixante ans ; Mtoundou Ngondeh, qui est le plus jeune, approche de la cinquantaine. Le sultan du Misanza, celui qui a tué l’ami de Burton et de Speke, le cheik Snay-ben-Amir, ne peut pas avoir beaucoup moins de quatre-vingts ans ; et Pembira Péreh, chef de Nyamboua, doit être du même âge.

Je considère les Vouakanongo et les Vouakahouendi comme appartenant à la même race que les Vouanyamouézi ; leurs manières et leurs coutumes sont identiques, et ils parlent la même langue.

Mais quand on a passé le Malagarazi et qu’on entre dans l’Ou-

  1. Sorte de tôtfait nommé encore hasty pudding (poudding à la minute), composé de farine de maïs tournée dans de l’eau bouillante jusqu’à consistance de pâte, et ruangé avec du lait, du beurre et du sucre ou de la mélasse. (Note du traducteur.)