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lations pour déterminer chez le fumeur des quintes de toux qui semblent lui déchirer la poitrine et briser tout son être. Les Vouanyamouézi n’en paraissent pas moins grands amateurs de ce supplice, car ils y recourent fréquemment. Il est impossible d’exprimer l’irritation et le dégoût que cette toux rauque et déchirante provoque chez celui qui l’entend.

Les Vouanyamouézi de la province d’Ounyanyembé ont des troupeaux de gros bétail. Toutes les fois que dans un pays il y a des bêtes bovines, c’est une preuve que la contrée est rarement envahie. De Bagamoyo aux rives du lac, nous n’en avons trouvé que dans l’Ousagara, l’Ougogo, l’Ounyanyembé et l’Ouhhah. Les gens des autres provinces n’élèvent que des moutons, des chèvres et des poules. Quelques-uns des riches Arabes de l’Ounyanyembé possèdent jusqu’à cinquante vaches laitières ; mais il y a peu d’indigènes qui en aient plus d’une trentaine.

Ces vaches se payent de quatre-vingts à cent vingt mètres du calicot le plus large. Elles donnent peu de lait ; un demi-gallon, deux litres et demi par jour sont considérés comme un beau produit, et le fait est rare. J’estime qu’en moyenne ces vaches ne donnent pas plus de trois pintes, un litre et demi ou environ. On m’apportait quotidiennement près de cinq litres de lait, que je payais tous les dix jours, soit environ cinquante litres pour quatre mètres de kitambi. Avec cette ration quotidienne, je me faisais du beurre et du fromage, ce qui est le plus grand luxe de table qu’un blanc puisse avoir dans le pays.

Les Vouanyamouézi, de même que tous les nègres, aiment passionnément la musique ; la leur est certainement barbare, et fatigue bientôt par sa monotonie ; mais les plus habiles de leurs artistes savent toujours la rendre amusante.

Beaucoup d’entre eux sont grands improvisateurs ; le dernier scandale, une nouvelle politique, voire un simple cancan, s’il est de nature à offrir quelque intérêt, ne manque jamais de trouver des bardes. Peu de jours après la déclaration de guerre à Mirambo, il n’y avait pas un village dans tout l’Ounyamouézi qui n’entendit mentionner le fait dans les chants du soir ; et bientôt le nom de cet ennemi redoutable fut interpolé dans les anciennes ballades. Il en fut de même de l’arrivée du Mousoungou, ou Mouzoungou, ainsi qu’on prononce quelquefois ; mais le sujet perdit rapidement le charme de la nouveauté.

L’alimentation est la même dans cette province que dans toute l’Afrique centrale ; elle consiste en une épaisse bouillie de sorgho.