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d’après un jugement du mtémi, devenir l’esclave de celui qu’il essayait de voler.

Après décès, le corps est porte dans la jungle. Si le défunt est un personnage important, on l’enterre assis dans la fosse, ou couché sur le côté, ainsi que le placent les Vouagogo. Celui qui meurt à la suite d’une caravane est simplement jeté hors du camp, ou laissé au bord de la route, et, dans tous les cas, abandonné aux hyènes, les plus-habiles des nettoyeurs de la forêt. Quant au chef, il est enterré dans le village.

Les Vouasoukouma (Vouanyamouézi du nord) sont très-industrieux. Ils extrayent eux-mêmes du minerai tout le fer dont ils ont besoin, et fabriquent la presque totalité des houes qui s’emploient depuis le lac Tanganika jusqu’à l’Ousagara. Il n’est pas de caravane qui, en partant de l’Ounyanyembé pour revenir à la côte, n’achète de ces instruments, avec lesquels dans l’Ougogo se paye le tribut de retour.

Le fer ainsi importé n’est pas seulement employé pour l’agriculture ; il sert aux peuplades qui le reçoivent à fabriquer des armes.

Les Vouanyamouézi font également commerce de ces dernières, on rencontre souvent, dans l’Ounyanyembé, un armurier indigène colportant ses engins de mort, qu’il échange pour de l’étoffe. Moyennant deux mètres de cotonnade, vous lui achetez une lance ou une douzaine de flèches ; pour quatre mètres de calicot (grande largeur) il vous livrera un arc de premier ordre, décoré de fil de cuivre et de laiton ; et moitié de cet aunage vous procurera une forte hache d’armes. Cette hache, ainsi qu’on peut le voir dans les gravures qui accompagnent ce volume, pages 435 et 439, est pareille à celles qu’employaient les Pictes dans l’âge de pierre, et les Égyptiens et les Romains dans les premiers temps de leur histoire. Le même modèle est en usage depuis Bagamoyo jusqu’à San Salvador ; depuis la Nubie jusqu’au pays des Cafres.

Les Vouanyamouézi donnent à l’Être suprême le nom de Miringou. Celui-ci est pour eux le créateur de toutes choses et le dispensateur des richesses. Ils l’invoquent rarement et ne lui adressent leurs prières que pour lui demander un accroissement de fortune.

Si un de leurs parents vient à mourir, ils vous disent : « Le Miringou l’a pris ; » ou bien : « Il est perdu, c’est l’œuvre du Miringou. » Le ton de frayeur respectueuse dont ils profèrent ces mots annonce qu’à leurs yeux le fait est surnaturel.