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se mettre au service des caravanes. En pareil cas, leurs chefs blâment toute entreprise commerciale ; et la volonté de ceux qui les dirigent a, pour eux, force de loi.

Le système de gouvernement, dans l’Ounyamouézî, est monarchique héréditaire. Le roi y est appelé mtémi. Ce titre n’appartient qu’aux chefs de l’Ounyanyembé, de l’Ousagozi et de l’Ougara ; néanmoins on le donne par courtoisie aux chefs de district.

Mkasihoua, mtémi de l’Ounyanyembé, dont la population est de vingt mille âmes, peut mettre sous les armes trois mille guerriers. À eux seuls les districts de Tabora et de Kouihara, districts d’une faible étendue, en fournissent quinze cents.

Le mtémi de l’Ougara se nomme Pakalamboula ; celui de l’Ousagozi a pour nom Moto, qui veut dire feu.

Certaines coutumes des Vouanyamouézi sont curieuses ; par exemple à la naissance d’un enfant, le père coupe la coiffe[1] et la porte à la frontière du district, où il l’enterre. Si la frontière est formée par un cours d’eau, l’enterrement a lieu sur la rive. Prenant ensuite la racine d’un arbre voisin, le père revient chez lui avec cette racine, et l’enfouit au seuil de sa demeure. Puis il tue un bœuf, ou une douzaine de chèvres, et invite ses amis au festin qu’il prépare, festin qui est largement arrosé de pombé.

Lorsque la mère sent approcher l’heure de sa délivrance, elle va chercher une de ses amies, et se rend avec elle dans les bois, où l’enfant est mis au monde. Si la couche est double, on ne tue pas l’un des jumeaux ; le fait est plutôt regardé comme un bonheur.

Les préliminaires du mariage sont à peu près les mêmes que chez les Vouagogo ; l’épouse est achetée à son père, moyennant plus ou moins de chèvres ou de vaches, dont la quantité dépend de la fortune des deux parties.

Tout maléfice est puni de mort ; la procédure usitée en pareil cas est aussi la même que celle des Vouagogo.

Les crimes d’État, soit contre le gouvernement, soit contre le pays, font également encourir la peine capitale.

Un voleur, pris sur le fait, peut être tué immédiatement, ou,

  1. D’après cette phrase, il semblerait que tous les enfants de l’Ounyamouézi naissent coiffés, ce qui n’est pas probable. La cérémonie usitée en pareil cas serait même une preuve que la chose est exceptionnelle. Il est possible que le fait se soit présenté pendant le séjour de notre auteur ; et que celui-ci, n’ayant pas eu l’occasion de voir d’autre naissance, ait cru à la généralité de la coiffe. Barton n’en parle pas, bien qu’il ait fait mention des naissances chez les Vouanyamouézi. (Voyage aux grands lacs, page 277.) (Note du traducteur.)