tribu s’est éteinte depuis le dernier voyage de Livingstone au Zambèse. Quelle puissance un gouvernement philanthrope pourrait donner à cette peuplade ! Quel glorieux témoignage de charité et de civilisation elle pourrait devenir ! Quels convertis aux préceptes de l’Évangile un missionnaire pratique saurait faire de ces hommes intelligents et disciplinables !
L’influence du mganga, c’est-à-dire du magicien, est très grande dans l’Ounyamouézi. Jusqu’au moment où j’ai pris la peine de démentir le fait, on m’y a représenté comme pouvant faire pleuvoir, pouvant empoisonner toutes les eaux de la province, et détruire l’armée de Mirambo avec une préparation magique.
Dans les premiers temps ils m’amenaient leurs malades, des gens couverts de plaies, ou atteints de la petite vérole, des syphilitiques, des galeux, des poitrinaires. Il me fallut insister avec chaleur, et le faire à diverses reprises, pour les convaincre de mon impuissance à l’égard de tous ces maux. Un vieillard, qui souffrait d’une dyssenterie chronique, vint me demander une drogue qui pût le guérir ; il m’apportait en échange un beau mouton gras et un plat de choroko. Il m’aurait été facile d’accepter le présent et de donner au bonhomme une potion quelconque. J’aimai mieux lui dire que je ne pouvais rien contre sa maladie. Cependant, je lui remis une centaine de grains de poudre de Dover ; plus, deux dotis de bonne étoffe, pour qu’ils pussent se couvrir, lui et sa femme ; et je refusai le mouton ; ce vieillard m’inspirait tant de pitié !
Jamais les Vouanyamouézi n’entreprennent une expédition de chasse sans consulter le mganga, qui, moyennant offrande, les pourvoit de talismans, d’herbes magiques et de bénédictions. Un morceau d’oreille de zèbre, du sang de lion, une griffe de léopard, une lèvre de buffle, une queue de girafe, un sourcil de caama, sont des trésors que les chasseurs ne donnent jamais, si ce n’est en échange d’une valeur monétaire. Ils portent, suspendus au cou, un morceau de quartz poli en forme de triangle, des fragments de bois sculptés et une amulette toute-puissante, qui consiste en un brin d’une plante particulière, jalousement enfermée et cousue dans une petite bourse de cuir.
Braves contre la fatigue, les Vouanyamouézi sont des poltrons fieffés dès qu’il s’agit de se battre. Ils passent humblement dans l’Ougogo, tremblant à l’idée d’une collision. Une fois hors de ce pays redouté, ils font les matamores et se vantent de leurs prouesses.
Ils ont pour habitude, quand la guerre est chez eux, de ne pas