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et le Rougoufou. On trouve encore dans l’Ouhha, le Sounazzi, le Kanengi, et le Pomboué. Tous ces cours d’eau sont légèrement saumâtres, surtout le Pomboué, le Kanengi et le Rousougi.

Les plaines de l’Ouhha, plaines découvertes, nourrissent de grands troupeaux de moutons à large queue, et de bêtes bovines de la race qui a une bosse sur les épaules. Les chèvres y sont très-belles. Le sol y est fertile, et produit de belles récoltes de sorgho et de maïs. Le climat y est bon, et la chaleur modérée par la brise du Tanganika et par les vents de l’Ousagara.

Les petits lacs, ou pour mieux dire les grands étangs de l’Ouhha, sont l’un des traits les plus frappants de la contrée. Ces étangs occupent de larges bassins de forme circulaire, et d’une faible profondeur. Il est évident qu’à une époque indéterminée, mais dont les traces sont nombreuses, une grande partie de l’Ouhha était couverte d’eau, et que la vallée du Malagarazi formait un bras du Tanganika. Un géologue trouverait dans cette région des sujets d’étude d’un immense intérêt.

Prenant à l’ouest, et franchissant la petite rivière du Sounazzi, nous arrivons dans l’Oukaranga, dont la nature est des plus diversifiées. Au nord, sur la frontière de l’Ouhha, le pays est montagneux ; dans le midi, c’est une pente unie et longuement inclinée, couverte de teks de belle venue ; au centre, se sont des collines, des ondulations dont les eaux rapides s’écoulent en ruisseaux transparents, un sol fertile, une contrée délicieuse. Du levant, partent de nombreux chaînons projetés à angle droit par la chaîne qui sépare, au nord-est, l’Ouhha de l’Oukaranga. Ces chaînons parallèles se dirigent à l’ouest, et s’affaissent tout à coup, lorsqu’ils approchent de la vallée du Liouké.

Les arbres qu’on voit principalement dans l’Oukaranga sont le tek et le mbougou.

Dans cette province, la chaleur est moite, l’humidité excessive. Une bruine perpétuelle paraît tomber à la cime des montagnes, d’où ruissellent les nombreux cours d’eau qui se déchargent dans le Liouké. Cette atmosphère humide et chaude convient spécialement au bambou ; aussi tient-il une grande place dans la végétation de la province.

Des hauteurs de l’Oukaranga, nous descendons dans la vallée du Liouké, et nous nous trouvons dans l’Oujiji, district d’une fertilité sans égale. Nous avons alors sous les yeux cette mer intérieure, dont le rivage dorénavant doit être regardé avec respect ;