Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/432

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toresque. À l’entendre décrire, vous croiriez peut-être avoir déjà vu ce paysage, que vous taxeriez de prosaïque et de monotone. Mais sa grandeur est dans cette monotonie excessive. L’océan, fouetté par l’orage, mis en fureur et blanchi par l’écume, est sublime. Il ne l’est pas moins quand, endormi sous le soleil équatorial, il réfléchit l’azur du ciel, et se déploie sans une ride jusqu’à l’invisible, jusqu’à l’inconnu.

La sublimité existe également dans ces forêts sans bornes. Le feuillage y présente toutes les couleurs du prisme, toutes les nuances ; mais tandis que les bois se déroulent, fuyant au loin dans l’air enflammé, un voile mystérieux les enveloppe, gaze impalpable qui les teint d’un bleu clair, s’obscurcissant peu à peu, jusqu’à ne plus laisser apparaître que leur ombre.

En regardant ces contours effacés, vous tombez tout éveillé dans un rêve non moins vague que les lignes indistinctes de l’horizon. Je défie quiconque aura sous les yeux une pareille scène, de la contempler longtemps sans souhaiter de disparaître de ce monde, comme s’évanouissent au regard ces lointains éthérés.

Nous avons trouvé, dans la région maritime, une espèce de calcaire pisolithique ; dans l’Ougogo, des lignes alternées de schiste et de syénite ; mais dans l’Ounyamouézi, les nappes rocheuses qui dans l’Ouyanzi, offrent de simples renflements, se présentent sous forme de collines, de masses désagrégées, de chaînes aux profondes déchirures, dont une végétation opulente dissimule le roc, et adoucit les aspérités.

Il n’y a dans l’Ounyamouézi que deux cours d’eau qui méritent le nom de rivière ; ce sont les deux Gombé, celui du nord et celui du sud. Le premier, sous le nom de Kouala, parfois prononcé Vouallah, prend sa source au midi de Roubouga, et après avoir décrit une courbe au nord-ouest, entre dans le Gombé au nord de Tabora[1]. C’est déjà en cet endroit un cours d’eau d’une certaine importance. Vers la fin de la saison pluvieuse, un homme qui aurait de légers bateaux, pourrait s’embarquer avec tout son monde, à huit ou dix milles de Tabora, et gagner rapidement le Tangan-

  1. Nous avons traduit littéralement ce passage, pour lequel nous avons été peu aidée par la carte. Suivant la fin même de cette dernière phrase, le Kouala, ou Vouallah, ne serait pas le Gombé, mais l’un de ses affluents, puisqu’il y entre à peu de distance de Tabora. Peut-être la branche qui vient du nord, et qui, d’après Burton, descend des montagnes de l’Ouroundi, ne prend-elle le nom de Gombé qu’après sa jonction avec le Kouala. Burton ne parle que d’une seule rivière de ce nom, soit qu’il ait confondu les deux noullahs, tous deux affluents du Malagarazi, soit qu’il ait ignoré celui du sud. (Note du traducteur.)