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CHAPITRE XV

Remarques géographiques et ethnographiques.


Reprenons la série de nos observations géographiques, arrêtée à Kouihara, et citons les faits que nous avons pu recueillir sur l’Ounyamouézi, l’Oukonongo, l’Oukahouendi, l’Ouvinza, l’Ouhha, l’Oukaranga, l’Oujiji, l’Ouroundi, enfin sur toutes les provinces dont il a été question dans les pages précédentes.

Celle qui se présente d’abord est l’Ounyamouézi.

Qu’on me permette de différer d’opinion avec les écrivains qui ont traduit le nom de cette contrée par celui de Terre de la Lune. MM. Krapf et Rebman, qui ont eu la gloire de rappeler l’attention des géographes sur cette partie du centre de l’Afrique, admettent cette version, d’après la règle dont nous avons parlé : Ou signifiant toujours pays, nya étant la proposition de, et mouézi désignant la lune. Le capitaine Burton, linguiste érudit, semble incliner vers cette interprétation ; le capitaine Speke l’adopte sans hésiter.

Avec tout le respect que je dois à ces gentlemen, dont le savoir est beaucoup plus profond que le mien sur tout ce qui concerne l’Afrique, je ferai remarquer à ceux qui s’intéressent aux questions subtiles que, dans le cas présent, on a appliqué une définition kisahouahili à un mot kinyamouézi.

Au Sahouahil, le pays qu’on voudrait nommer Terre de la Lune s’appellerait simplement Oumouézi. Ounyamouézi est un mot d’une autre langue et ne peut pas s’interpréter d’après le sens que lui donnerait un idiome étranger. Si d’ailleurs nous prenons le kisahouahili pour base, ce nom voudra aussi bien dire Terre du voleur, puisque, dans cette langue, mouézi désigne à la fois un voleur et la lune.

M. Desborough Cooley, dit Burton, choisit une autre version et traduit par Maître du Monde le nom d’Ounyamouézi qu’il écrit Monomoézi. Je préfère cette interprétation à celle du capitaine ; cependant je n’en accepte pas les termes.