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sculpté formait la pomme, se mit à injurier le sultan avec une volubilité incomparable, et l’accusa de vouloir faire exterminer son peuple. Les autres femmes, se joignant à elle, conseillèrent au chef de rester tranquille et d’accepter le présent que l’homme à peau blanche voulait bien lui offrir.

Néanmoins ce fut Livingstone, qui, toujours calme et doux, persuada à tout le monde de s’abstenir de répandre le sang, et qui finit par triompher du vieux chef. Un instant après, l’affaire était réglée, et le sultan et son fils s’éloignaient tout joyeux.

Pendant que le docteur les apaisait, j’avais fait plier la tente, lancer la pirogue, arrimer les bagages, et dès que Livingstone fut libre, je le priai de sauter dans le canot, la paix qu’il venait de conclure n’étant qu’une accalmie au sein de la tempête. Il était certain d’ailleurs que parmi nos gens, il y avait trois ou quatre lâches qui, au premier semblant d’un retour d’hostilités, nous fausseraient compagnie, ce qu’il fallait nécessairement prévenir.

Nous quittâmes le cap Louvoumba vers quatre heures et demie. À huit heures nous étions au large du cap Panza, qui est à l’extrémité nord du l’île de Mouzimou. À six heures du matin, nous nous trouvions au sud de Bikari, nageant vers Moukangou (dans l’Ouroundi), où nous arrivâmes à dix heures. Pour traverser le lac, il nous avait fallu dix-sept heures et demie, ce qui, à raison de deux milles par heure, donne trente-cinq milles de large ; et un peu plus de quarante-cinq depuis le cap Louvoumba.

Le 11 décembre, après sept heures de route, nous nous retrouvâmes au village pittoresque de Zassi. Le 12 nous, étions à la charmante baie de Niasanga ; enfin le même jour, à onze heures, ayant passé l’île de Bangoué, nous eûmes devant nous le port d’Oujiji.

Nous y entrâmes paisiblement, sans tirer les salves habituelles, nous trouvant à court de munitions. Les Arabes, ainsi que nos soldats, n’en vinrent pas moins nous recevoir au bord de l’eau.

Mabrouki avait beaucoup de choses à nous dire. C’était lui qui, pendant notre absence, avait eu la garde de la maison et le commandement des hommes. Fidèle entre tous, il avait parfaitement agi ; Marora ayant blessé un de nos ânes, avait été mis aux fers ; et Bilali, le bourreau des cœurs, flagellé d’importance, pour avoir provoqué un soulèvement par ses allures conquérantes.

Mon petit Kaloulou s’était échaudé, et avait sur la poitrine une affreuse brûlure. Mais une joie m’attendait : une lettre de M. Webb, datée du 11 juin ; une bonne lettre, contenant des télé-