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En passant devant Mouikamba, nous vîmes plusieurs bosquets de mvoulés.

Le pied de la chaîne est habité par les Vouavira, qui en cultivent les alluvions et les pentes inférieures ; tandis que les Vouabembé en occupent les sommets, jusqu’à Bemba. Arrivés dans ce dernier endroit, nos Vouajiji s’arrêtèrent pour recueillir des morceaux d’une argile blanche, dont la possession rend le vent favorable et assure une heureuse traversée.

Après Ngovi s’ouvre une baie profonde qui se termine au cap Kabogi, éloignée d’une dizaine de milles. Aux deux tiers environ de la ligne comprise entre les deux caps, nous rencontrâmes un groupe de trois îlots rocheux, fortement escarpés, dont le plus considérable avait à sa base trois cents pieds de longueur, sur deux cents de large. Ce fut dans ce dernier îlot que nous nous établîmes. Pour habitants, il s’y trouvait un vieux coq brillamment emplumé, que nous respectâmes comme offrande propitiatoire à l’esprit du lieu ; une grive d’un aspect maladif, une cigogne à tête en marteau et deux orfraies qui, blessées de notre usurpation, allèrent se percher sur l’îlot voisin, d’où leurs regards solennels suivirent tous nos mouvements.

Ce groupe solitaire, que les indigènes appellent Kavounvoué, devant être la seule découverte de notre excursion, le docteur nomma ces trois rochers Îlots du New-York Herald. En confirmation de leur titre, nous y échangeâmes une poignée de main ; des calculs soigneusement faits établirent leur position par de latitude méridionale.

Le sommet de notre îlot, d’où le regard embrassait une immense étendue, convenait à merveille comme observatoire ; nous en profitâmes pour relever différents points. De là se voyaient clairement les collines de Ramata, situées au nord-nord-est ; le cap Katanga au sud-est-quart-sud ; le cap Sentakeyi à l’est-sud-est, Magala à l’est-quart-nord ; enfin la pointe sud-ouest de Mouzimou, que nous avions au sud, et l’extrémité nord de cette île au sud-sud-est.

Au point du jour, nous nous préparâmes à nous remettre en route. La veille au soir, des pêcheurs s’étaient approchés du camp à deux reprises différentes ; mais notre vigilance avait empêché toute maraude. Il me sembla néanmoins qu’en face de nous, les gens du village, dont nos visiteurs faisaient partie, guettaient l’occasion de fondre sur notre canot, et de s’en emparer ainsi que de nos personnes. À en juger par l’extrême ardeur qu’ils mirent à