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toumbi[1], il est venu de cette contrée dans le Mougihéhoua, qu’il gouverne actuellement, ce qui lui a fait connaître la région dont il nous a entretenus. Il a vu Mouézi, le grand chef de l’Ouroundi ; c’est, dit-il, un homme d’environ quarante ans et d’une très-grande bonté.

Rien ne nous retenait plus à Mougihéhoua, Livingstone avait achevé ses observations, qui, entre autres, placent ce dernier village par de latitude australe.

Les provisions ne nous manquaient pas ; Roubinga nous avait fait présent de deux bœufs, son frère de même ; et leurs femmes y avaient joint une quantité de lait et de beurre. Nous fîmes donc nos adieux au vieux chef ; et le lendemain, 7 décembre, laissant derrière nous la pointe méridionale des îles de Katangara, nous nous approchâmes des hautes terres d’Ouachi, que nous atteignîmes près de la frontière de l’Ouvira. La ligne de démarcation entre cette province et le pays de Makamba paraît être un grand ravin, dont les profondeurs renferment un bois de ces mvoulés aux troncs superbes dans lesquels sont creusées les pirogues des indigènes.

Après avoir passé le Kanyamabengou, rivière qui se jette dans le lac près du marché de Kiraboula, point extrême de Burton et de Speke[2], nous suivîmes la côte occidentale pendant encore une demi-heure, et nous nous arrêtâmes à Kavimba pour déjeûner.

Le village qu’habite Mrouta, chef de l’Ouvira, s’apercevait de la place où nous étions alors. Bientôt nous vîmes des groupes d’indigènes aller et venir dans la montagne d’une façon qui nous parut inquiétante. Ces allures suspectes nous firent presser le départ.

Tous ces districts étaient en guerre les uns contre les autres, et par suite hostiles aux étrangers. Une bande de Vouajiji avait été pillée deux jours avant, sous prétexte qu’elle cherchait à éluder le tribut ; l’air consterné de ces malheureux disait assez leur infortune.

Quand les Vouavira furent prêts à nous assaillir, nous étions assez loin d’eux pour ne pas les craindre ; mais la tempête s’élevait rapidement, accourant du sud-ouest ; et après avoir lutté con-

  1. Si vraiment cette province est l’Outoumbi de Speke et de Baker, il est certain que Rouhinga aurait eu connaissance du lac, dont son pays natal eût formé une portion de la rive. (Note du traducteur.)
  2. Non-seulement des deux voyageurs, mais encore des Arabes de cette époque, c’était, en 1858, l’ultime Thule des traitants.(Note du traducteur.)