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ait offert, est l’abondance de ses crocodiles. Nous n’y avons pas vu d’hippopotames, ce qui confirme le manque de profondeur.

Les petites baies situées au levant du Roussizi ont la même forme et sont de la même nature que celles du couchant. À en juger par leur étendue, et par la largeur des pointes qui les séparent, le fond du lac peut avoir douze ou quatorze milles d’une rive à l’autre.

De l’endroit où Burton et Speke se sont arrêtés, les montagnes semblent se rejoindre, et le lac paraît finir en pointe, ainsi que le représente la carte du premier voyage. Nous l’aurions cru nous-mêmes si nous n’étions pas allés plus loin ; mais l’exploration des lieux nous a prouvé le contraire.

La chaîne occidentale a pour extrémité nord les monts Chamati. Vue à distance, elle paraît s’abuter contre les monts Ramata de la chaîne de l’est ; toutefois une vallée d’une largeur d’à peu près un mille sépare les deux falaises. C’est dans cette vallée que s’écoule le Roussizi. Si la muraille du couchant se termine au Chamati, celle du levant se prolonge, en inclinant au nord-ouest.

Sorti de cette large gorge, le Roussizi paraît s’épandre à travers une grande plaine alluviale, qu’il a formée, et où il se divise en cent filets qui se réunissent près du lac, pour s’y déverser par trois branches, ainsi que nous l’avons dit plus haut.

Je dois ajouter que s’il n’y a plus aucun doute au sujet de la direction de cette rivière, dont le courant nous a opposé une vive résistance, et que nous avons vue entrer dans le lac, Livingstone n’en est pas moins persuadé que le Tanganika doit avoir ailleurs un effluent ; toutes les nappes d’eau douce ayant, dit-il, des issues. Le docteur est plus capable que moi d’établir le fait ; dans la crainte de dénaturer sa pensée, je lui abandonne le soin de l’expliquer lui-même quand il en aura l’occasion.

Une chose qui lui paraît certaine et qui pour moi est évidente, c’est que Baker devra diminuer l’Albert N’Yanza d’un degré de latitude, peut-être même d’une couple de degrés. Ce célèbre voyageur a prolongé son lac assez loin dans l’Ouroundi, et a placé le Rouanda sur la côte orientale ; tandis qu’une large portion, sinon la totalité de cette province, devrait être mise au nord du territoire qui, sur sa carte, porte le nom d’Ousigé. Les informations d’un homme aussi intelligent que Rouhinga ne sont pas à dédaigner ; et si le lac Albert se fût trouvé à moins de cent milles du Tanganika, ce vieux chef en aurait certainement entendu parler, en supposant qu’il ne l’eût pas visité lui-même. Originaire du Mou-