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cultures, ses troupeaux, me rappela tout à fait le rivage du vieux Pontus.

Un peu avant d’échouer la pirogue, deux légers incidents se produisirent ; un grand lézard, de plus de deux pieds de long, se glissa dans la falaise, sans nous donner le temps de le bien voir. Livingstone pensa néanmoins que c’était le monitor terrestris. Bientôt après je tuai un grand cynocéphale qui, de l’extrémité du museau à celle de la queue, mesurait quatre pieds neuf pouces, et dont le poids était d’environ cent livres ; la face n’avait pas moins de huit pouces et demi de longueur. Pas de crinière, pas de touffe de poils au bout de la queue ; mais tout le corps revêtu d’un pelage très-rude. Les singes de ce genre se voyaient en grand nombre, ainsi que l’espèce à tête de chat et à longue queue, espèce très-active et plus petite.

Niasanga, situé au bas d’un amphithéâtre de collines, et à l’embouchure d’un ruisseau, qui porte le même nom, a, comme tous les villages voisins, ses bouquets d’arbres et de bananiers, ses champs de maïs, de sorgho et de manioc.

Nos tentes étaient dressées sous un figuier-banian ; près d’elles se trouvaient une demi-douzaine de pirogues de différentes grandeur ; en face de nous l’immense nappe d’eau, attirant la brise, et d’un gris clair ; dans le lointain l’Ougoma, l’Oukaramba, et l’île de Mouzimou, dont les montagnes nous apparaissaient revêtues d’un bleu foncé.

Les galets que nous voyions sur la grève, en petits monceaux ou en lignes formés par les vagues, étaient des fragments de quartz poli, de schiste, de grès congloméré, d’argile très-ferrugineuse, d’argile endurcie, etc., et nous révélaient la nature des roches dont se composaient les montagnes voisines.

D’énormes roseaux s’élevaient comme une haie entre le rivage et les cultures. Parmi la gent ailée nous remarquâmes surtout les bergeronnettes, que protègent les indigènes ; pour eux ce sont des messagères de paix et d’heureux présages ; quiconque les attaquerait serait frappé d’une amende. Il faudrait être d’ailleurs bien méchant pour leur nuire ; elles montrent tant de confiance ! À peine touchions-nous le rivage qu’elles vinrent à notre rencontre et firent le saint-esprit à portée de notre atteinte. En fait d’oiseaux, nous vîmes encore là des tourterelles, des paddas, des bandes de veuves, des corneilles, des martins-pêcheurs, des oies, des plotus, des milans, des aigles, des balbusards.

À Niasanga, Livingstone fut pris de diarrhée ; c’est là le seul