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vance à toutes ses volontés ; voyageant quand il le désirerait, et m’arrêtant dès qu’il en ferait la demande.

S’il voulait simplement aller à Kouihara, prendre les valeurs qu’il y avait en magasin, je serais heureux de l’y accompagner, et d’ajouter à son avoir une quantité considérable de grains de verre, d’étoffe de première sorte, d’armes à feu et de munitions. Il trouverait là un matériel complet, des vêtements, des ustensiles de cuisine ; enfin une demeure confortable, où il se reposerait pendant, qu’en toute hâte, je me rendrais à la côte. Arrivé à Zanzibar, je lui organiserais une bande de cinquante ou soixante hommes, choisis avec soin, qui lui apporteraient un supplément de provisions, et tout ce qui pourrait lui être utile. Cette bande le rejoindrait immédiatement et lui permettrait d’agir. Après y avoir long » temps réfléchi, ce fut à ce dernier projet qu’il adhéra comme étant le plus praticable, et celui de tous qui entrait le mieux dans ses vues.

L’affaire ainsi réglée, nous pûmes nous livrer à l’exploration du lac.

Bien qu’il fût simplement une frêle pirogue creusée dans l’un des superbes mvoulés d’Ougoma, notre Argo avait une plus noble destination que celle du vaisseau grec d’antique mémoire. Ce n’était pas l’amorce d’une Toison d’or qui le faisait partir ; c’était l’espoir de trouver un chemin qui, peut-être, amènerait les barques du Nil dans l’Oujiji, dans l’Ousohoua, et jusque dans le Mouroungou. Qui pouvait savoir ce que nous allions découvrir ? Non-seulement les indigènes, mais les Arabes nous répétaient que le Roussizi sortait du lac ; et nous supposions qu’il se rendait au N’Yanza d’Albert, ou à celui de Victoria.

Séid ben Médjid nous avait dit que sa pirogue pouvait porter vingt-cinq hommes et trois mille cinq cents livres d’ivoire. Comptant sur cette assurance, nous avions embarqué vingt-cinq de nos gens, dont quelques-uns s’étaient munis de sacs de sel dans l’intention de faire un peu de commerce ; mais à peine avions-nous quitté la rive qu’il fallut y revenir. Le canot, trop chargé, enfonçait jusqu’au bord. Six hommes furent remis à terre, le sel également ; et nous restâmes avec seize rameurs ; plus Sélim, Férajji et les deux guides.

Cette fois, convenablement lesté, le canot se mit à la nage, et se dirigea vers l’île de Bangoué, située à quatre ou cinq milles de notre point de départ.

Il y a quelques années, les Vouatouta ayant fait irruption dans