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Le Roua possède en outre des mines de cuivre d’une grande richesse ; celles de Katanga, exploitées depuis des siècles, sont toujours fécondes.

Enfin, dans le lit d’un de ses cours d’eau, on a trouvé un sable aurifère, dont les paillettes sont de la dimension qu’aurait le disque d’un pois, et dont les pépites ont la forme de bâtonnets. Deux Arabes en avaient entrepris le lavage ; mais leurs procédés, fort insuffisants, ne leur permettaient guère d’obtenir des résultats fructueux.

C’est au milieu de ces découvertes d’une si haute importance, alors que ses travaux touchaient à leur terme, que Livingstone, voyant ses hommes refuser de marcher, s’ils n’étaient soutenus par une force imposante, et, ne pouvant pas trouver d’escorte, se vit obligé de revenir à Oujiji.

Long voyage, qui ne lui offrait plus que fatigues et dangers. Sept cents milles qui l’avaient conduit près du but et qui allaient maintenant l’en séparer, peut-être pour toujours. Au lieu de cette ardeur, de cet espoir de la marche en avant, au lieu de cet entraînement de la découverte, une route sans intérêt, l’attente déçue, l’accablement du retour après une défaite. Quoi d’étonnant à ce que le vieux voyageur ait vu son énergie près de s’éteindre, et ses forces succomber ?

Il gagna Oujiji le 16 octobre ; il était presque mourant. Pendant la marche il tâchait de se remonter : « Ce n’est qu’un retard, se disait-il ; cinq ou six mois au plus, ce n’est pas là une affaire. Je trouve mes bagages, je loue des hommes et je repars aussitôt. » Qu’on imagine ce qu’il a ressenti en apprenant que celui qui devait lui remettre ses valeurs en avait disposé. Le soir de son retour, il vit Chumah et Souzi, ses deux fidèles, — qui pleuraient amèrement, et leur en demanda la cause.

« Nous n’avons plus rien, monsieur, répondirent-ils ; plus d’étoffe, Shérif a tout vendu ! »

Un instant après, Shérif se présenta et eut l’audace de tendre la main à Livingstone. Celui-ci le repoussa en lui disant qu’il ne serrait pas la main d’un voleur ; sur quoi cet homme lui donna pour excuse qu’il avait consulté le Coran. Le livre sacré lui avait dit que le docteur était mort ; et l’étoffe n’ayant plus de maître, il l’avait troquée pour de l’ivoire. À son tour l’ivoire avait été vendu, le prix dépensé ; et le voyageur était sans ressources : bien juste de quoi vivre pendant un mois ; après cela il aurait été dans l’obligation de tendre la main aux Arabes.