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savaient pas plus que moi, ce qui leur importait peu. Mais que devais-je faire ? C’était la grande question.

Je me décidai à chercher un Arabe, ancien trafiquant d’ivoire, ou nouvellement arrivé d’Afrique,

Le cheik Hashid était l’un des hommes les plus riches et les mieux posés de Zanzibar ; il avait lancé maintes caravanes, et se trouvait en relations avec les premiers négociants de la ville. En outre, propriétaire de la maison qu’habitait M. Webb, et notre voisin : la porte en face de la nôtre. De tous les Zanzibarites, c’était le meilleur à consulter ; il fut donc prié de venir me voir.

Le vénérable Haschid, dans cette entrevue, m’en apprit davantage sur tout ce qu’il me fallait connaître : objets d’échange, manière de procéder, etc., que ne l’avaient fait tous les livres que j’étudiais depuis trois mois. Il voulut bien, ensuite, me présenter à divers Arabes, gens d’expérience, qui me donnèrent d’excellents avis, grâce auxquels je pus m’organiser.

Une chose qu’il faut savoir et ne jamais perdre de vue, c’est que pour le voyage en question vous ne devez prendre que le nécessaire. Trop de marchandises vous serait nuisible, presque autant que d’en manquer[1]. Il résulte de là que c’est à connaître le chiffre exact des objets dont il doit se munir que le voyageur doit s’appliquer d’abord.

Par les renseignements qui m’étaient donnés, j’appris que, pour nourrir cent hommes, il suffisait par jour de dix dotis, ou quarante mètres d’étoffe ; ce qui, pour l’année, faisait trois mille six cent cinquante dotis, à choisir de la manière suivante, selon toute apparence la plus convenable :

Deux mille dotis de calicot américain, de celui qu’on appelle sheeting (calicot blanc d’une largeur d’un mètre).

    dit-il, que le voyageur se garde bien de s’en rapporter à ces Banians pour la verroterie qu’il est contraint de leur prendre… Il faut qu’il s’adresse à quelques Omanis arrivant de l’intérieur, et qu’il s’enquière auprès d’eux des variétés en vogue sur la route qu’il veut suivre. La moindre négligence apportée au choix de la rasade est une cause d’embarras quotidiens, et peut arrêter une expédition au moment où elle aurait recueilli le fruit de ses efforts. » (Voyages aux grands lacs, p. 682}. En face de la mobilité de la mode, on comprend que Burton se soit abstenu de désigner des qualités qui pouvaient n’avoir plus cours, ou des quantités dont la variation des valeurs pouvait avoir modifié le chiffre, au moment où son livre eût été consulté, (Note du traducteur.)

  1. Encore une chose que Burton n’a pas négligé d’écrire : « C’est à la fin de ces longs voyages, à la veille d’atteindre le but, dit-il, qu’il est douloureux d’échouer, faute de perles, et plus vexatoire encore d’avoir apporté jusque-là une cargaison ruineuse et qui ne peut pas servir : une monnaie que démonétise chaque caprice de la mode. » (Voyage aux grands lacs, p. 682.) (Note du traducteur.)