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cent milles ; toujours quelque chose l’avait empêché de les atteindre.

D’après ceux qui les avaient vues, ces quatre fontaines sortaient d’une légère éminence, complètement terreuse, que certains individus appelaient une fourmilière. L’un de ces bassins était si large, disaient les mêmes témoins, que du bord on ne distinguait pas l’autre rive.

Le docteur ne suppose pas que ces fontaines soient plus méridionales que les sources du lac Bangouéolo. Dans la lettre qu’il a écrite au New-York Herald, il fait observer que ces quatre bassins, où l’eau surgit et donne naissance à quatre grandes rivières, partant du même endroit, répondent jusqu’à un certain point à la description des sources du Nil que rapporte Hérodote, et que le père des voyageurs avait reçue dans la ville de Saïs, de la bouche du trésorier de Minerve[1].

Il faut, me disait Livingstone, que ces fontaines soient découvertes et qu’on en prenne la position.

2° La rivière de Webb doit être suivie jusqu’à sa réunion avec une partie quelconque du vieux Nil. Quand ces deux choses seront accomplies, mais seulement alors, le mystère des sources pourra être expliqué.

La vallée transéquatoriale où se déroule le Webb, vallée flanquée de montagnes énormes, et qui dans la pensée du docteur deviendrait celle du Haut-Nil, reçoit du couchant d’importantes rivières, telles, que la Loufira et le Lomami ; du côté de l’est, le Lindi et le Louamo, et, toujours d’après le docteur, n’aurait aucun rapport avec le Kassaï, le Kouango et le Loubilash qui vont former le Congo.

Les deux provinces, que dans cette vallée, traverse le Webb et où il s’épanche en différents lacs, sont le Roua — l’Ourouha de Speke — et le Manyéma.

Entre le Tanganika, dont le Roua est voisin, et les sources présumées du Congo, limitrophes du Manyéma, se trouvent des millions d’hommes qui ne se doutaient pas de l’existence des blancs, malgré tout le bruit que font ceux-ci en dehors de l’Afrique, et dont les blancs n’avaient jamais entendu parler avant l’arrivée du docteur dans ces régions lointaines.

Ces deux vastes contrées, — le Roua n’a pas moins de six de-

  1. Voir Hérodote, traduction de Giguet, librairie Hachette, 1864, livre II, § 28, p. 94. (Note du traducteur.)