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étendue, qu’il s’y endort, reprend son cours, et forme, dit-on, un nouveau lac en aval de l’endroit ou Livingstone l’a quitté.

Supposons maintenant que cette nappe inconnue, ce dernier lac, ait une longueur de six degrés ; il pourra être celui que Piaggia a découvert, et d’où s’échappe, à travers des marais, la branche du Nil de Pétherick, dont le point de départ est au sud de Gondokoro. De cette manière l’égalité de niveau entre les deux stations n’aurait plus rien de surprenant.

Toutefois, avant de discuter ce problème, nous devons attendre que l’altitude des divers points en question ait été rigoureusement déterminée. Les instruments qu’a employés Livingstone pour établir ses calculs ont pu être dérangés dans le cours du voyage (ce qui est très-probable), et seraient ainsi devenus une cause d’erreur.[1]

Les Portugais les plus intelligents, traitants ou voyageurs, tiennent le Kassaï, le Kouango et le Loubilash pour les sources du Congo ; pas un n’a encore émis la supposition que le Loualaba des indigènes, la rivière de Webb, ait le moindre rapport avec le fleuve qui débouche à l’ouest.

Dans tous les cas, Livingstone est reparti pour éclaircir le fait ; s’il est dans l’erreur, quant à ses conclusions, il sera le premier à le reconnaître. Malgré la certitude qu’il paraissait avoir à l’égard du Loualaba, il admettait que le problème des sources du Nil n’était pas encore résolu, et cela par deux motifs

1° On lui avait signalé quatre fontaines dont les eaux se déversaient moitié au nord, dans le Loualaba, autrement dit dans le Webb, et moitié dans une rivière coulant au sud, c’est-à-dire dans le Zambèse. Les indigènes lui avaient parlé de ces fontaines à diverses reprises. Plusieurs fois il n’en avait pas été à plus de

  1. Le chiffre obtenu par l’ébullition de l’eau n’est lui-même qu’approximatif. Il peut donner jusqu’à trois cents pieds de différence, et ne se rectifie que par des observations répétées. Les altitudes citées plus haut sont donc loin d’être précises ; et, comme le dit Stanley, ne peuvent servir de fondement à la discussion du problème. Ainsi, d’après Baker, le lac Albert n’aurait qu’une élévation de 2448 pieds. Gondokoro, qu’il avait placé d’abord à 1592, a été mis par Dunktin à 1636 ; par le docteur Beke à 1911, et par l’observatoire de Kew à 1999 ; tandis que Pétherick l’avait fait descendre à 1428. Dans tous les cas, l’hypothèse du dernier lac s’épanchant dans le Nil par le Djour n’empêcherait pas qu’un autre affluent, même plus considérable, allât rejoindre le Congo. Ce partage entre les deuX bassins n’aurait rien d’anormal dans le système des eaux de l’Afrique transéquatoriale, ou parfois les rivières s’anastomosent (le terme est de Livingstone) et forment, avec les îles contenues dans leurs mailles plus ou moins larges, des sortes d’archipels continentaux. (Note du traducteur.)