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Abbey, qui est l’un des amis les plus anciens et les plus sûrs de Livingstone.

Au sud-ouest du Kamolondo, que va rejoindre le Webb, est un autre grand lac qui se décharge dans cette rivière par un cours d’eau important nommé Loéki ou Lomami. Ce grand lac, appelé Chéboungo par les naturels, a reçu de Livingstone le nom de Lincoln, en mémoire de celui qui a émancipé quatre millions d’Africains, brisé à jamais l’esclavage en Amérique, et dont le souvenir, entre tous, doit être cher à la race nègre. À cet homme, qui s’est acquis l’approbation de tous les amis de l’humanité, le grand voyageur a élevé de la sorte un monument plus durable que la pierre ou l’airain.

Un peu au nord de sa sortie du Kamolondo, le Webb reçoit la Loufira, grande rivière qui vient du sud-sud-ouest. Quant aux autres affluents du Webb, le nombre en est tellement considérable que la carte du docteur n’aurait pu les contenir ; les plus importants y ont seuls trouvé place.

Continuant à marcher vers l’équateur, et suivant toujours les crochets sans nombre du Webb-Loualaba, Livingstone arriva au quatrième degré de latitude, où il entendit parler d’un autre lac situé au nord et dans lequel se jetait sa rivière…

C’est là qu’il fut brusquement arrêté.

Si brève, si incomplète, qu’elle soit, nous espérons que cette esquisse des travaux de Livingstone fera comprendre au lecteur superficiel, non moins qu’au géographe, ce grand système lacustre, dont les nappes d’eau sont reliées par le Webb.

Que l’on jette un coup d’œil sur la carte qui accompagne ce volume, on verra ce qu’a fait le grand voyageur pendant ces dernières années, et ce qu’ont ajouté ses découvertes aux études géographiques.

Livingstone est persuadé que cette rivière qui, sous différents noms, coule d’un lac à un autre, en se dirigeant au nord par de nombreux détours, est la partie supérieure du Nil, du véritable Nil. Les sinuosités, les courbes profondes que cette longue artère décrit à l’ouest, voire au sud-ouest, lui avaient, au début, inspiré des doutes qu’il a gardés pendant longtemps. Il avait d’abord présumé que c’était le Congo ; mais plus tard il a découvert que ce dernier avait pour origine le Kassaï et le Kouango, deux rivières dont la source est au versant occidental de la ligne de faîte qui sépare les deux bassins, à peu près sous la même latitude que le lac Bangouéolo. À ces deux rivières, le docteur ajouterait le