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la certitude que le Chambési en était le plus considérable, et de beaucoup. Ainsi donc, après avoir suivi le Chambési depuis sa source, placée vers le onzième parallèle, jusqu’au lac Bangouéolo, il le retrouvait s’échappant de l’extrémité nord de celui-ci, et allant, sous le nom de Louapoula, se jeter dans le Moéro.

Il revint alors chez Cazembé sachant, cette fois, que la rivière qu’il avait vue se diriger au nord sur trois degrés de latitude, ne pouvait pas être le Zambèse et n’avait rien de commun avec celui-ci, malgré la ressemblance du nom.

Chez Cazembé, le voyageur rencontra un vieillard appelé Mohammed ben Séli, métis arabe que le roi gardait prisonnier sur parole, en raison de ses allures suspectes et de certaines circonstances qui avaient accompagné sa venue. Livingstone, usant de son influence sur le roi, fit rendre la liberté à ce Mohammed ; et comme ils prenaient tous les deux la même route, il crut pouvoir accepter l’offre que lui faisait celui-ci de voyager de conserve. Le vieux métis, un monstre d’ingratitude, débuta par corrompre les gens de son bienfaiteur, leur vendant les faveurs de ses concubines, de façon à se les attacher par un odieux servage. Si bien qu’il ne resta plus au docteur que deux hommes. Tous l’abandonnèrent ; même Souzi et Chumah qui cédèrent à la séduction. Tout confus de ce moment d’oubli, ces derniers vinrent retrouver leur maître et lui jurer un attachement qui ne devait plus se démentir. Mais l’affreux Mohammed persévéra dans sa conduite à l’égard du docteur, et l’abreuva d’amertumes jusqu’à leur arrivée à Oujiji.

Ce fut de ce dernier endroit, où il s’arrêta en mars 1869, que Livingstone écrivit les lettres qui démentirent le bruit de sa mort, répandu, comme nous l’avons dit précédemment, par Mousa et par ses Anjouhannais pour couvrir leur désertion.

Le docteur passa trois mois à Oujiji. Pendant ce séjour, il voulut explorer la partie nord du lac, ayant la pensée qu’un affluent s’en échappait et se dirigeait vers le Nil. Ceux qui ont présente à la mémoire l’altitude que Speke a donnée au Tanganika : dix-huit cent quarante-quatre pieds, s’étonneront de cette pensée du docteur ; mais ce dernier attribue à un lapsus calami le chiffre de Speke ; et il porte le niveau du lac à une élévation beaucoup plus grande. Ses calculs lui ont fourni, par l’eau bouillante, deux mille huit cents pieds, et trois mille par son baromètre. Il est possible que cet instrument ait été dérangé pendant le voyage ; mais le chiffre dû à l’ébullition de l’eau suffit pour justifier l’hypothèse.

Les exigences des Arabes et des indigènes, on se le rappelle, for-