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ne lui avaient jamais parlé du Chambési sans lui dire : « C’est notre propre rivière. Quand on va du Nyassa chez Cazembé, on traverse notre Zambèse. »

Non-seulement ils le lui avaient dit, mais les livres et les cartes de leurs voyageurs lui confirmaient leurs paroles. Cette assertion erronée a causé à Livingstone bien des pas et des fatigues. Du commencement de 1867, époque de son arrivée chez Cazembé, à la mi-mars 1869, où il gagna l’Oujiji, il employa presque tout son temps à rectifier cette erreur.

Lorsqu’il s’aperçut de la différence qu’il y avait entre les témoignages précédents et ce qu’il avait sous les yeux, il revint sur ses pas. Craignant de se tromper, et voulant arriver à la certitude, il reparcourut dans tous les sens les pays où se déroulent les rivières de ce système compliqué ; allant et venant sans cesse, comme une âme en peine ; faisant partout les mêmes questions, les adressant à tout le monde, jusqu’au moment où il craignit d’entendre dire : « Cet homme est fou ; les eaux lui ont tourné la tête. »

Mais ces courses à travers le Londa et les contrées voisines ont levé tous ses doutes : le Chambési est totalement distinct du Zambèse. Lacerda et Gamitto, qui, en le traversant, ont cru sur la foi du nom que c’était leur rivière du Mozambique, n’en ont pas demandé davantage, et lui ont donné sur leurs cartes une direction toute contraire à la sienne.

Pendant ces recherches, si fécondes en découvertes, Livingstone arriva au bord d’un lac situé au nord-est de Cazembé, et que les indigènes appelaient Liemba, du territoire de ce nom qui le borde à l’est et au sud. Le voyageur suivit la rive du lac, en se dirigeant au nord ; et il se trouva que c’était le Tanganika, dont la partie méridionale a, sur la carte du docteur, une forme qui ressemble beaucoup à celle de l’Italie. L’extrémité sud est environ par de latitude méridionale ; ce qui donne à cette nappe d’eau une étendue de plus de trois cents milles géographiques du midi au nord.

S’éloignant du Tanganika, Livingstone traversa le Maroungou et atteignit le lac Moéro, dont la longueur est d’environ soixante milles. À l’extrémité méridionale du Moéro, qu’il n’avait pas cessé de côtoyer, il trouva l’embouchure d’une rivière venant du sud, et nommée Louapoula. Le docteur remonta cette rivière et la vit sortir du Bangouéolo, grand lac dont la superficie égale à peu près celle du Tanganika.

En étudiant les affluents de ce nouveau lac, Livingstone acquit