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CHAPITRE III

Organisation de la caravane.


Je ne connaissais nullement l’intérieur de l’Afrique, et ne me doutais pas de ce qu’il fallait pour y pénétrer. Le temps était précieux ; je n’en avais guère à dépenser en investigations. Quelle bonne fortune, si l’un des trois gentlemen qui avaient pris la route que j’allais suivre eût traité cette matière importante ! J’écris donc ce chapitre pour que les voyageurs qui viendront après moi profitent de mon expérience.

Je n’en dormais pas ; et me retournant dans mon lit, j’agitais le problème, qui se résumait de la sorte :

Combien faut-il d’argent ?

Combien de porteurs ?

Combien de soldats ?

Combien de cotonnade ?

Combien de verroterie et de fil de laiton ?

Quels genres d’étoffe dois-je prendre ?

Autant de questions qui ne trouvaient pas de réponse. Je couvris des mains de papier de chiffres sans nombre, estimant, énumérant, calculant, et me posant toujours cette inconnue :

Combien l’entretien de cent hommes coûte-t-il par an, à tant de mètres d’étoffe de différente espèce ?

J’étudiai Burton, Speke et Grant ; j’y trouvai beaucoup de géographie, d’ethnographie, beaucoup de détails sur le voyage ; mais rien sur l’organisation de la caravane qui devait tout précéder. Je jetai les livres avec dégoût[1]. Les Européens que je voyais n’en

  1. Sans avoir dit exactement ce qu’il faut par jour pour défrayer la caravane, Burton a donné des renseignements précieux, qui ne paraissent pas avoir été découverts par H. Stanley, trop pressé pour les apercevoir. Ainsi Burton a donné sur les grains de verre, sur l’étoffe, sur la monnaie, sur les poids et les mesures ayant cours à Zanzibar, des détails précis, auxquels sont joints d’excellents conseils. « Il faut,