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CHAPITRE XIII.

Chez Livingstone.



« S’il y a entre nous de l’affection, nos rapports auront une extrême douceur et nous seront profitables ; sinon notre temps sera perdu, et vous ne me donnerez qu’ennui et fatigue. Je vous paraîtrai stupide ; ma réputation vous semblera fausse. Tout ce que j’ai de bon est magnétique. Je n’enseigne pas avec des leçons, mais en faisant ce que j’ai à faire. »
Emerson, Representative men[1]


Je m’éveillai de bonne heure et demeurai stupéfait : j’étais dans une chambre, non dans ma tente. Ah ! oui, me rappelai-je, j’ai retrouvé Livingstone, et je suis dans sa maison. Je prêtai l’oreille pour que le fait me fût confirmé par le son de sa voix ; je n’entendis rien que le rugissement des vagues.

Je restai tranquillement dans mon lit. Dans mon lit ! N’était-ce pas un rêve ? Coucher primitif : quatre pièces de bois, des feuilles de palmier en guise de plume, un sac de crin sous ma tête, et pour draps ma peau d’ours ; néanmoins c’était un lit.

Afin de me rappeler à moi-même, je me soumis à un examen qui pût dissiper mes doutes.

« Pourquoi vous a-t-on envoyé en Afrique ?

— Pour chercher Livingstone.

— L’avez-vous trouvé ?

— Certainement ; ne suis-je pas chez lui ?

— À qui cette boussole que je vois là-bas, suspendue à cette cheville ? À qui ces habits, ces bottes, ces journaux épars, ces revues, ces numéros du Punch ?

— C’est bien à moi.

— Maintenant, qu’allez-vous faire ?

  1. Les Représentants de l’humanité, recueil de conférences faites en Angleterre, et publiées en 1849.(Note du traducteur.)