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neuf fois. Un morceau de cotonnade lui fut mis sur la bouche, noué derrière la tête ; on lui attacha les mains. Les fuyards revinrent ; et la caravane partit au plus vite.

En avant ! en avant ! d’un pas ferme et rapide jusqu’à une heure de l’après-midi, où, n’en pouvant plus, nous atteignîmes le petit lac de Mousounya. L’étape avait été de neuf heures.

Le Mousounya est l’un des nombreux bassins circulaires que renferme cette partie de l’Ouhha ; ces bassins y forment un vérritable groupe. À vrai dire, ce sont d’énormes étangs plutôt que des lacs. Pendant la masika, le Mousounya doit avoir trois ou quatre milles de long sur deux de large. Il est rempli d’hippopotames, et la grosse bête abonde sur ses rives.

Rien de plus calme que notre bivac ; chacun s’y tient tranquille. Pas de cabanes, pas de feu ; la tente n’a pas été déployée, afin qua la moindre alerte nous puissions partir immédiatement. Mon winchester, présent d’un ami, présent inestimable en pareille circonstance, est à côté de moi, avec toutes ses balles ; et dans le sac, que je porte en bandoulière, se trouvent deux cents cartouches. Mes soldats ont le fusil sous la main, fusil chargé, prêt à faire feu. Nous pouvons dormir en toute sécurité.

8 novembre. Mis en marche longtemps avant le jour. Au moment où le soleil a paru, nous sortions du fourré de bambous, où nous avait jetés la venue des porteurs de sel, et nous nous retrouvions en plaine découverte : une longue perspective d’un terrain ondulé, avec ça et là un groupe d’arbres caractéristiques ; rompant la nudité générale.

Les heures se sont écoulées l’une après l’autre : nous allions toujours, franchissant les grandes vagues de terre, sous un soleil d’une force tout africaine, mais dont l’ardeur était modérée par des brises bienfaisantes, chargées de la senteur des jeunes herbes, et du parfum des fleurs inconnues, qui émaillaient de leurs couleurs diverses la nappe d’un vert pâle déployée sous nos yeux.

Passé de nouveau près de grands étangs pareils à ceux d’hier.

Nous avons de la sorte gagné le Rougoufou ; non pas celui d’Oukahouendi ; mais une rivière du même nom, qui se trouve plus au nord, et qui se jette dans le Malagarazi. Large cours d’eau, peu profond, le Rougoufou que nous venions d’atteindre, se traîne au sud-ouest par un mouvement presque insensible.

Tandis que nous nous reposions dans un bouquet de junpar situé près de la rive droite, un roulement lointain a monpéglef