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et là ; mais dans leurs fissures croissaient des arbres de toute beauté, sous lesquels nichait une population nombreuse »

Les notables de ces villages nous ont paru très-avides de cotonnade ; toutefois la présence de nos guides, sujets du fils de Nzogéra, les a contraints à modérer leurs extorsions. Par contre on a chez eux des moutons et des chèvres, en bon état et presque pour rien. Nous en avons profité pour célébrer notre approche du Malagarazi en abattant huit chèvres, dont la viande a été distribuée à mes hommes.

1er novembre. Ayant marché au nord-ouest, à partir du camp, et descendu la pente d’une montagne, nous avons enfin contemplé le Malagarazi ; une rivière étroite mais profonde, traversant une vallée encaissée entre de hautes falaises. Des oiseaux piscivores couvrent les arbres qui bordent ses rives. De nombreux villages s’éparpillent aux alentours. Les denrées abondent et sont à bas prix.

Après avoir suivi la rive gauche pendant quelques milles, nous sommes arrivés aux établissements, dont Kiala est gouverneur.

J’avais cru pouvoir traverser la rivière aujourd’hui ; mais des difficultés s’élèvent. On nous a dit de faire un camp avant d’entrer en négociations. Nous avons voulu discuter ; on nous a répondu que nous étions libres de passer la rivière, si tel était notre désir ; mais que pas un homme du pays ne nous viendrait en aide.

Obligé de subir cette halte, j’ai fait dresser ma tente au milieu d’un village, et serrer les ballots dans une case, où ils sont gardés par quatre de mes soldats.

Une ambassade est allée de ma part trouver Kiala, fils aîné du grand chef, et l’a prié d’autoriser notre caravane, toute pacifique, à passer la rivière.

« Il faut d’abord, a-t-il répondu, que l’homme blanc donne cinquante-six choukkas. »

Presque un ballot d’étoffe ! J’ai renvoyé Asmani et Bombay avec plein pouvoir de traiter, à condition de ne pas excéder vingt-cinq dotis.

Après un débat de sept heures, ils sont revenus demandant treize dotis pour Nzogéra et dix pour Kiala. Le pauvre Bombay était épuisé ; mais Asmani souriait toujours. J’ai accordé les quatre-vingt-douze mètres, en me félicitant de n’être pas volé davantage.

Trois heures après, nouvelle demande. Kiala a reçu la visite d’une couple de chefs soumis à son père ; et ces chefs, en appre-