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CHAPITRE XII.

De Mréra à Oujiji.


Nous dîmes adieu à Mréra le 17 octobre, pour continuer à marcher au nord-ouest. Le départ fut très-gai ; mes gens et moi, nous étions dans les meilleurs termes ; Bombay avait oublié notre querelle ; Asmani était prêt à se jeter dans mes bras, tant nos rapports étaient maintenant affectueux.

Plus d’inquiétudes ; la confiance était revenue ; car, disait Mabrak, « on sent d’ici le poisson du Tanganîka. » L’Ounyamouézi était loin ; on pouvait narguer Mirambo ; on se moquait de ses brigands et des prophètes de malheur ; on riait de « ce timide Ben Nasib ! »

Après les cultures recommençait la jungle ; nous y défilâmes joyeusement, riant à gorge déployée, nous vantant de nos prouesses. Tout le monde ce jour-là était brave.

Sortis de la jungle, nous entrâmes dans une forêt peu épaisse où de nombreuses fourmilières se dressaient comme autant de dunes. J’imagine qu’elles avaient été construites pendant une saison exceptionnellement pluvieuse, alors que la forêt pouvait être inondée. J’ai vu ailleurs des légions de fourmis élever leurs édifices sur un terrain soumis à l’inondation[1]. »

Quels merveilleux bâtiments construisent ces petits insectes. Un labyrinthe parfait : cellules, chambres, couloirs, salles et vestibules s’agençant et s’emboîtant les uns dans les autres ; une exhibition de talents d’ingénieurs et de capacité architecturale à

  1. Suffering from inundation. Il est toutefois certain que l’inondation avait cessé au moment où s’érigeait l’édifice. Que le sol détrempé ait été mis en œuvre par les fourmis, cela n’a rien d’étonnant ; mais il ne faudrait pas croire que ces petites maçonnes aient absolument besoin d’une terre mouillée pour construire leurs murailles ; elles savent très-bien faire leur mortier dans les endroits secs ; de même qu’elles assainissent parfaitement les lieux humides. (Note du traducteur.)