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qu’il ne fût augmenté de quatre nouveaux dotis. En apprenant cette réponse, j’ordonnai de construire un boma très-fort au sommet de la colline, à proximité d’une eau abondante, et je remis les quatre mètres d’étoile dans le ballot.

Comme position stratégique, il était difficile d’en avoir une meilleure ; nous commandions le village, et nous pouvions balayer tout l’espace qui nous en séparait. Des guetteurs furent placés pour la nuit ; mais rien ne troubla notre sommeil.

Le lendemain matin nous vîmes arriver les notables de l’endroit, qui nous demandèrent si nous avions l’intention de lever le camp sans avoir fait de cadeau à leur chef. Je répondis que mon plus vif désir était de me faire des amis de tous les chefs dont je traversais le territoire, et que si le leur voulait accepter de ma part une belle choukka[1] je la lui donnerais volontiers. Ils trouvèrent d’abord que ce n’était pas suffisant ; ils marchandèrent, j’ajoutai dix rangs de perles rouges, dites samé-samé, pour la femme du chef, et ils s’en allèrent satisfaits.

Du village d’Outendé, la forêt s’élève, du côté de l’ouest, pendant un grand nombre de milles, jusqu’à une longue muraille dont le faîte aplati domine la plaine de cinq ou six cents pieds.

Quatre heures de marche, le 12 octobre, nous amenèrent au bord d’un noullah, pareil au Gombé, dans lequel il jette ses eaux pendant la saison pluvieuse, d’où elles vont rejoindre le Malagarazi.

Un peu avant de camper, nous vîmes une bande de pallahs (redboks du midi de l’Afrique, antilope melampus ou à pieds noirs). J’eus la bonne fortune d’abattre un de ces animaux, qui vint fort à point s’ajouter à notre stock de viande sèche, dont la diminution allait rapidement.

La quantité de bouse et de laissées que nous trouvions annonçait que les buffles étaient nombreux dans le voisinage, ainsi que les éléphants et les rhinocéros.

Des ibis, des pygargues, des pélicans, des grues, des cigognes, des spatules d’un blanc de neige, représentaient la gent emplumée.

De ce noullah, nous partîmes pour Mouarou, principal village du district du même nom, et qui avait pour chef Ka-Mirambo.

La route se fit au milieu d’une série de clairières, où se voyaient autrefois des villages et des cultures, qui, alors, appartenaient aux

  1. Nous rappelons qu’à partir de l’Ouayanembé la choukka est d’une longueur double de ce qu’elle était précédemment et qu’elle vaut un doti. (Note du traducteur.)