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les régions lointaines du sud, je ne pus jamais décider aucun d’entre eux à me suivre, tant leur frayeur de Mirambo et de ses bandits était grande. Il faut dire que de toute part venaient des bruits alarmants. On assurait que Mbogo se dirigeait vers l’Ougounda avec un millier d’hommes ; que les Vouazavira avaient attaqué une caravane ; que Simba parcourait le pays à la tête d’une bande de féroces mercenaires ; et beaucoup d’autres choses du même genre.

Les Vouagounda ont leur principal village entouré de cultures d’une étendue d’environ trois mille acres (douze cents hectares) carrés. Ces champs produisent assez de grain non-seulement pour la consommation des indigènes, mais pour l’approvisionnement des nombreuses caravanes qui prennent cette route pour aller dans l’Oufipa et dans le Maroungou.

Le sentier serpenta d’abord au milieu de ces cultures, puis entra dans les défrichements qui entourent les villages de Kisari. Nous trouvâmes dans l’une de ces bourgades un chef de caravane qui avait besoin de porteurs et qui tambourinait du matin au soir pour en faire venir. Il voulait gagner l’Oufipa, était là depuis deux mois, battant le rappel sans aucun succès, et fit tous ses efforts pour m’enlever mes pagazis, procédé qui ne contribua pas à nous mettre bien ensemble. J’appris à mon retour qu’il avait dû renoncer au projet d’aller dans le sud, et qu’il avait rebroussé chemin peu de temps après notre départ.

En sortant de Kisari, nous traversâmes un éparpillement de chênes noirs, sur un terrain craquelé par le soleil, où se montrait çà et là un étang desséché, dont la vase durcie était criblée d’empreintes d’éléphants et de rhinocéros. Les traces de buffle et de zèbre étaient maintenant fréquentes et nous faisaient espérer qu’avant peu nous verrions du gibier.

Une marche de trois heures et quart, à partir d’Ougounda, nous fit gagner une petite bourgade enfouie dans la feuillée et, qui s’appelle Benta. Il y avait là, non-seulement beaucoup de maïs mais beaucoup de choroko, une sorte de grain qui me parait être une gesse et dont je m’approvisionnai pour mon usage personnel, car c’est un aliment des plus salubres[1].

À Benta, comme ailleurs, le grain est mis sur le toit du tembé, dans des caisses cylindriques faites avec l’écorce du mtondou, et

  1. Il est probable que cette gesse est la voandzeia souterraine, qui paraît être commune sur la route que Burton a suivie, au moins à partir de l’Ousagara. (Note du traducteur.)