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et se tournant tout à coup vers ses quarante-neuf hommes, il leur cria : « Hoê ! Hoê !

— Hoê ! Hoê ! répondit toute la bande.

— Hoê ! Hoê !

— Hoê ! Hoê !

— Hoê ! Hoê ! » Trois fois le même cri, répété chaque fois par le chœur.

— Où allez-vous ? demanda le guide.

— À la guerre, répondirent les autres.

— Contre qui ?

— Contre Miramho.

— Quel est votre maître.

— Le Mousoungou.

— Aough ! Aough !

— Aough ! Aough !

— Hyah ! Hyah !

— Hyah ! Hyah !

— Où allez-vous ainsi ? »

Et ce chant stupide dura jusqu’au soir, sans changer ni de ton, ni de paroles, et sans interruption.

Nous nous arrêtâmes au village de Bombona, situé à un mille au sud-ouest du Zimbili, cette colline qui ressemble à un fort détaché.

Bombay, tout à fait remis de sa flagellation, avait banni le ressentiment qui avait éveillé ma colère ; et toute la bande s’étant si bien comportée, une cruche de bière de vingt et quelques litres fut distribuée à mes hommes pour entretenir la vaillance que chacun d’eux se flattait d’avoir.

Le lendemain nous atteignîmes Massangi. À peine étions-nous campés, que je reçus la visite de Saoud, fils de Séid ben Medjid. Il venait me dire que les Arabes m’attendaient pour sortir de Mfouto.

Le jour suivant, une étape de six heures nous fit gagner le Mfouto-Oriental.

Shaw n’en pouvait plus ; il se laissa tomber sur la route, en disant qu’il allait mourir. Cette nouvelle me fut apportée vers quatre heures par l’un des derniers traînards. Bien que chacun fût exténué, il fallait cependant envoyer chercher le malade. La promesse d’une récompense détermina six de mes hommes à retourner dans la forêt pour retrouver Shaw, qui, d’après celui qui l’avait vu, était bien à une distance de sept milles.