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soin (argile et mortier) en couvrait les murailles, qui n’offraient pas moins de quatre pieds d’épaisseur. La grand’porte, exécutée dans le pays, était une merveille de sculpture pour des artistes de l’Ounyanyembé. À l’intérieur, chaque solive était également sculptée avec beaucoup d’art ; il y avait là de charmants dessins.

Devant la maison était une jeune plantation de grenadiers qui prospéraient aussi bien que dans leur pays natal. Enfin, l’eau dont on se servait pour arroser les jardins, était montée par un saki, tel qu’on en voit sur les bords du Nil.

Vers le soir je repris le chemin de Kouihara, très-satisfait de ce que j’avais vu dans le jour. Mes hommes ramenaient une couple de bœufs et rapportaient trois sacs de riz, d’une qualité supérieure ; bêtes et grain dont Khamis ben Abdallah m’avait fait présent.

On se rappelle la caravane que le Dr Kirk avait formée pour Livingstone, et qui était partie brusquement à la simple annonce de la visite du consul. Je l’avais retrouvée en arrivant. Ainsi que les autres, elle était arrêtée dans l’Ounyanyembé par suite de la fermeture de la route. Pensant que la guerre lui ferait courir de grands risques, j’insinuai au gouverneur qu’il serait bon que les hommes qui la composaient vinssent loger avec les miens, afin que je pusse veiller sur leur cargaison. M. Kirk ne m’ayant donné aucun mandat à l’égard de ces marchandises, ne me les ayant pas même recommandées, je n’avais rien à dire à ceux qui en avaient la charge. Mais ben Sélim, heureusement, partagea mes craintes ; et porteurs et ballots furent envoyés chez moi.

Un jour Asmani, qui était maintenant chef de cette caravane, le premier étant mort de la petite vérole, Asmani me montra un paquet scellé dont l’enveloppe portait ces mots :

« Au docteur Livingstone,
« Oujiji.xxxxxxx
« Lettres enregistrées.
« Ier novembre 1870. »

Il était évident que ces lettres avaient été mises dans le paquet à la date mentionnée. C’était donc cent jours, — du premier novembre 1870 au 10 février 1871, — cent jours que cette misérable caravane avait perdus sur la côte. Si elle fût partie en temps voulu, si au lieu d’atteindre l’Ounyanyembé au mois de mai, quelques jours avant la fermeture du passage, elle y fût arrivée en