Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dohoua, et le vieil hetman de Tabora ; le cheik Sultan ben Ali.

La visite de ces notables, dont l’étranger ne saurait décliner la protection, étant simple affaire d’étiquette, il est inutile de rapporter les propos qui s’y échangèrent ; propos sur ma santé et sur la richesse du pays ; assurances d’amitié et de dévouement de la part des uns ; de mon côté, expressions de gratitude.

Lorsque nous eûmes épuisé réciproquement tout notre fonds de politesses et de paroles vides de sens, mes Arabes me quittèrent, en m’exprimant le désir de me voir à Tabora, où j’étais prié d’accepter un grand repas qui se préparait en mon honneur.

Trois jours après, suivi de dix-huit de mes hommes, galamment habillés, je sortis à mon tour pour faire mes visites, et pour me rendre au festin qu’on voulait bien m’offrir. Arrivé au point culminant de la petite passe que traverse la route, j’eus sous les yeux la plaine qu’habitaient mes Arabes : un vaste pâturage, alors de couleur brune, et qui, du pied de la colline que j’avais à ma gauche, s’étend jusqu’au bord du Gombé septentrional, un grand noullah qui passe à quelques milles de Tabora, entre des collines vêtues de pourpre et des cônes voilés de bleu.

Moins de trois quarts d’heure après j’étais sous la véranda de Sultan ben Ali, dont l’établissement renfermait tout un village de tembés et de cases en forme de ruches, et qui devait à son âge, à sa fortune, à sa position de colonel dans l’armée de Sa Hautesse, d’être choisi pour conseil et pour arbitre par tous ses compatriotes.

La tasse de moka et le sorbet qu’on nous avait servis étant dégustés, nous nous dirigeâmes vers la demeure de Khamis ben Abdallah, où nous attendait une société nombreuse.

Ce groupe d’hommes majestueux, vêtus de longues robes blanches, coiffés de légères calottes, également d’un blanc de neige, et qui se réunissaient pour me souhaiter la bien venue, fit sur moi une vive impression.

J’arrivais juste au moment où allait se tenir un conseil de guerre ; je fus invité à y prendre part, accompagné de Sélim, mon interprète.

Khamis ben Abdallah, homme brave et entreprenant, toujours prêt à soutenir les droits des Arabes et à défendre leurs privilèges, est celui qui, dans la guerre de 1860, tua le vieux Maoula, et qui, après avoir chassé Manoua Séra pendant cinq ans à travers l’Ougogo et l’Ounyamouézi, l’atteignit dans l’Oukonongo, et eut la